Credo de Nicée, dignité humaine et IA

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À l'occasion du 1700e anniversaire de l'ouverture du premier concile œcuménique, celui de Nicée en 325, Sr Judette nous propose une réflexion sur l'IA à la lumière du Credo de Nicée. « Le Credo de Nicée nous rappelle que la dignité humaine ne repose pas sur l'intelligence ou la capacité technologique, mais sur notre relation avec Dieu, qui nous appelle à l'amour et à la communion. »

Proclamer le Credo de Nicée à l’ère de l’intelligence artificielle.
Un défi pour la dignité humaine

Judette Gallares rc

Introduction

Alors que le soleil se lève sur le 20 mai 2025, l’Église se recueille pour commémorer un tournant sacré. Dix-sept siècles se sont écoulés depuis le Concile de Nicée, au cours duquel des voix lointaines ont tissé les mots intemporels du Credo de Nicée que nous professons encore aujourd’hui. Bien qu’elles soient nées sur le sol lointain du quatrième siècle, au milieu de langues anciennes et d’empires disparus, ses vérités éternelles rayonnent encore, ancrant et illuminant la foi des croyants d’aujourd’hui. Les vérités intemporelles que le Credo proclame résonnent encore avec force au milieu des défis contemporains, offrant espoir et lumière sûre à un monde tourmenté en quête de sens et de grâce.

Parmi les grandes questions auxquelles l’humanité est confrontée figure le progrès rapide des technologies, qui a donné naissance au transhumanisme, une idéologie selon laquelle la science peut nous élever au-delà des limites de la condition mortelle. On parle d’esprits intégrés dans des machines, de corps mis en sommeil conservés dans le froid et de membres réalisés en métal et en code qui transformeraient les humains en cyborgs. Avec l’intelligence artificielle (IA) qui apprend, les gènes qui se transforment et les fils qui chuchotent au cerveau, nous nous dirigeons vers un avenir où la frontière entre l’homme et la machine commence à s’estomper.

Dans cette réflexion, je me concentrerai sur un seul élément du paysage technologique au sens large : l’essor de l’intelligence artificielle, ou IA. Depuis ses débuts en 1956, l’IA consiste à essayer de construire des machines capables de penser et d’agir de manière apparemment intelligente, ce que nous associons généralement aux capacités humaines. Au fil du temps, cette technologie s’est rapidement développée, nous aidant à accomplir des tâches telles que la traduction, la prévision de tempêtes, le classement de dossiers, l’exécution de calculs complexes et la reconnaissance de motifs dans des images. Les ingénieurs ne cessent de trouver de nouvelles façons de l’utiliser pour faciliter le travail humain.

Mais à mesure que nous devenons plus dépendants de l’IA, des questions plus profondes commencent à faire surface, des questions sur ce que signifie être humain, sur la dignité, l’identité, et sur la question de savoir si l’intelligence seule définit une personne. Le Credo de Nicée ne mentionne pas l’IA, bien sûr, mais il nous donne un moyen de réfléchir à ce qui rend les êtres humains vraiment uniques. Dans cette réflexion, j’explorerai brièvement quelques thèmes clés à la lumière de l’IA. Premièrement, ce que le Credo dit de la spécificité de la personne humaine. Deuxièmement, comment l’IA remet en question nos idées sur ce qui nous définit comme personne. Troisièmement, le rôle de l’Esprit Saint en tant que source de vie. Quatrièmement, les préoccupations éthiques que soulève la confrontation entre l’IA et la dignité humaine. Et enfin, ce que le Credo dit de la résurrection et de l’avenir de l’humanité.

Le Credo et la spécificité humaine

Le Credo ne se fonde pas sur le génie humain mais sur les mains qui ont façonné les étoiles et tout ce qui existe. Il proclame donc notre véritable valeur : « Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles ».

Image réalisée par Sr Judette avec IA

En janvier 2025, le Saint-Siège a publié la note Antiqua et Nova (abrégé ici en AEN), une réflexion des dicastères pour la Doctrine de la Foi et pour la Culture et l’Éducation, qui explore les questions éthiques et humaines soulevées par l’IA. Le document appelle à une technologie qui respecte la dignité humaine et favorise un véritable épanouissement de l’homme. S’appuyant sur l’appel de l’Écriture à « cultiver et garder » la terre (Gn 2,15), il nous rappelle que

« Ce don de l’intelligence devrait s’exprimer par un usage responsable de la rationalité et de la capacité technique au service du monde créé »
AEN n° 1

Dans son introduction, le document reprend l’appel du Catéchisme :

« L’Église encourage les progrès de la science, de la technologie, des arts et de toute autre entreprise humaine, les considérant comme faisant partie de “la collaboration de l’homme et de la femme avec Dieu dans le perfectionnement de la création visible” ».
Catéchisme de l’Eglise catholique, paragraphe 378 (Voir aussi Gaudium et Spes (Vatican II), par. 34)

Il nous rappelle ensuite avec délicatesse que

« les capacités et la créativité de l’être humain viennent de Lui [Dieu] et, lorsqu’elles sont utilisées à bon escient, Lui rendent gloire en tant que reflet de Sa sagesse et de Sa bonté ».

Ainsi, se demander ce que signifie « être humain », c’est reconnaître nos dons scientifiques et technologiques (AEN n°2).

Le Credo affirme que Dieu a créé l’homme « à son image et à sa ressemblance » (Gn 1,27) et non pour en faire une machine hautement évoluée. Contrairement à l’IA, les humains possèdent une âme immortelle et sont appelés à une relation avec Dieu selon des modalités qui sont toutes enracinées dans son amour et son désir de communion avec nous. Cette relation est au cœur de la vie chrétienne. Il s’agit essentiellement de connaître, d’aimer et de marcher avec Dieu dans notre vie quotidienne.

Le Credo exprime son émerveillement : « Pour nous les hommes et pour notre salut, il est descendu du ciel… et il s’est fait homme », prenant par amour divin notre apparence humaine. Si ce qui nous définit comme personne avait reposé sur un simple principe intellectuel, notre divin sauveur, Jésus, aurait pu apparaître comme une IA, mais en choisissant notre chair, Il couronne la nature humaine comme un élément central du dessein éternel de Dieu.

L'IA et le concept de personne

Qu’est-ce qui nous définit comme personne ? La philosophie et la théologie chrétienne nous enseignent que la notion de personne s’épanouit à trois grandes sources : la lumière de la raison, le choix de la liberté et la chaleur de la relation qui nous rapproche de Dieu. Dans la danse éternelle de la Trinité – le Père, le Fils et l’Esprit – nous entrevoyons la communion parfaite qui façonne notre être.

Si le concept de personne (en anglais ‘personhood’) définit ce que signifie être une personne, la question de savoir si l’intelligence artificielle peut être considérée comme une personne fait l’objet d’un débat. Cependant, comme le suggère le Credo, la dignité humaine ne vient pas seulement de l’intelligence, mais du fait d’être créé par Dieu, d’avoir une âme et d’être capable de connaître et d’aimer Dieu. Même si l’IA peut traiter et générer des réponses complexes en imitant les capacités de l’intelligence humaine telles que le raisonnement, l’apprentissage et la réponse aux émotions, elle n’a pas de conscience, de libre arbitre et d’âme. Elle ne fonctionne qu’en fonction de la manière dont elle est programmée par les ingénieurs humains.

En réponse à la notion de personne, le Credo de Nicée affirme que cette notion est ancrée dans la création de Dieu ; ce que l’IA, en tant qu’outil créé par l’homme, ne partage pas. L’IA, aussi perfectionnée soit-elle, est une création de l’homme, et non un porteur de l’image divine. Contrairement aux hommes, elle ne possède pas de libre arbitre, de conscience morale ou de capacité de grâce.

L'Esprit Saint, source de vie

Le Credo proclame : « Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ». Cette déclaration exprime une vérité profonde : le Saint-Esprit n’est pas seulement le souffle de la création, mais aussi celui qui soutient, renouvelle et transforme la vie dans les domaines naturel et surnaturel.

Au premier murmure de la création (Gn 1,2 ; 2,7), l’Esprit insuffle la vie. Ce n’est pas un témoin passif, mais un vent vivant qui tisse l’ordre, la raison d’être et le souffle vibrant en toutes choses. L’Écriture proclame que l’Esprit insuffle une vie nouvelle en nous par le baptême, faisant de nous des enfants de Dieu (cf. Jn 3,5-6), nous élevant dans la vie ressuscitée du Christ (Rm 8,11) et nous conduisant au-delà de la lettre de la Loi dans l’horizon large et libre de la vraie parenté (2 Co 3,6). Ayant été réconciliés avec Dieu par la mort de Jésus-Christ sur la croix, cette vie nouvelle dont nous jouissons

« est manifestée dans notre propre vie de foi, qui commence par le baptême, se développe dans l’ouverture à la grâce de Dieu et est vivifiée par une espérance constamment renouvelée et confirmée par l’action de l’Esprit Saint ».
« Spes Non Confundit. Bulle d’indiction du jubilé ordinaire de l’année 2025″, §3

L’Esprit Saint n’agit pas seulement sur les croyants individuels, mais anime l’Église en tant que Corps vivant du Christ. À la Pentecôte, l’Esprit est descendu sur les personnes rassemblées au Cénacle, donnant aux premiers chrétiens le pouvoir de prêcher l’Évangile (Ac 2,1-4), conférant divers dons (charismes) pour édifier l’Église, tout en veillant à ce que chaque membre joue un rôle dans la vie de la communauté (1 Co 12,4-7). L’Esprit guide l’Église dans la vérité tout entière, veillant à ce que l’enseignement du Christ demeure vivant et actif dans chaque génération (Jn 16,13).

L’Esprit est le gage vivant de notre résurrection (Rm 8,23), le souffle qui fait revivre les ossements desséchés (Ez 37,5-6) et la voix qui nous rappelle à Dieu (Ap 22,17). Aujourd’hui encore, l’Esprit tisse en nous une vie nouvelle, préparant nos cœurs pour le jour où nous habiterons pour toujours dans la plénitude du royaume de Dieu.

La vraie vie et la vraie sagesse viennent de l’Esprit de Dieu, pas des progrès technologiques. L’IA peut traiter des informations, mais elle n’a pas de vie spirituelle ni la capacité de recevoir la grâce divine ; ce qui remet en question l’idée que l’IA puisse un jour devenir égale ou supérieure à l’homme en termes d’existence porteuse de sens. Même si l’IA simule le comportement humain, elle reste fondamentalement différente parce qu’elle n’a pas la dimension spirituelle que le Credo exprime. En effet, vivre dans l’Esprit, c’est être pleinement vivant, profondément connecté à l’amour et à la présence de Dieu.

Préoccupations éthiques : l'IA et la dignité humaine

En lien avec la dignité humaine, l’IA suscite des préoccupations éthiques complexes et multiformes. Ces préoccupations touchent à des questions d’autonomie, d’honnêteté, de vie privée, d’équité et à l’essence même de l’être humain. Les penseurs moraux* lancent donc un avertissement : si nous couronnons l’IA du titre d’égale, notre propre dignité nous échappera ; les cœurs authentiques cédant la place à un compagnonnage creux, et le tissu de la communauté s’effilochera.

* Patricia Engler, “AI and Human Futures: What Should Christians Think?” in Dignitas, Vol. 30, No. 4 (hiver 2023), 3-9. Publié aussi en ligne par The Center for Bioethics and Human Dignity (CBHD, Trinity International University). Une autre publication traite des implications morales : Jordan J. Wales (ed.), “Encountering Artificial Intelligence: Ethical and Anthropological Reflections,” Journal of Moral Theology, 1: Déc. 2023.

La déshumanisation s’accompagne d’un danger d’irresponsabilité morale. Détachée de la conscience, l’IA ne peut pas porter le poids moral de la justice, de la guérison ou des moyens de subsistance, et lui confier cette tâche risque d’ébranler notre sens même de la responsabilité. Les algorithmes pilotés par l’IA dans les médias sociaux, les publicités ciblées et la propagande politique peuvent manipuler le comportement humain, semant la confusion tout en sapant le libre arbitre et le consentement éclairé. Lorsque l’IA, maniée par des mains autoritaires, recueille nos visages et suit chacun de nos pas, elle nous inscrit dans de froids registres, annulant notre dignité et notre humanité même. En s’appuyant trop sur l’IA, on risque d’écarter le travail humain et de donner aux gens le sentiment d’être remplaçables dans un monde qui fait la part belle aux machines. Nous espérons que l’IA pourra émerger à la lumière claire de la transparence, de l’équité, de la responsabilité et du respect de la dignité humaine ; de peur qu’en dépassant nos propres esprits, elle n’éclipse notre vocation de protecteur moral du monde et ne nous ramène aux vérités que nous professons dans le Credo.

La Résurrection et l'avenir de l'humanité

Le Credo exprime les principales croyances chrétiennes sur l’espérance et l’avenir de l’humanité, en particulier dans ses affirmations finales sur le retour du Christ, la résurrection et la vie éternelle, qui nous conduisent à l’affirmation de la seconde venue du Christ et de son jugement : « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts, et son règne n’aura pas de fin ». Sur un ton d’espérance, elle conclut ainsi : « J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir ».

Cette affirmation est le cœur de l’espérance chrétienne dans le retour du Christ, établissant la justice et manifestant son règne éternel. Comme un crescendo musical, le Credo se développe jusqu’à sa déclaration finale affirmant notre espérance d’avoir part à la résurrection du Christ. Les chrétiens vivent dans l’espérance, non seulement de la vie au-delà de la mort, mais aussi du jour où tous les corps ressusciteront, revêtus de gloire (cf. 1 Cor 15). Cette espérance s’étend au-delà de la tombe, vers la promesse d’une création renouvelée – un nouveau ciel et une nouvelle terre (cf. Ap 21), où le peuple de Dieu habitera avec lui pour toujours, dans la joie et la communion parfaite.

L’espérance chrétienne réside dans la transformation de l’humanité par Dieu, et non dans l’amélioration technologique de soi. Bien que certains transhumanistes envisagent le téléchargement de la conscience humaine dans l’intelligence artificielle comme une voie vers l’immortalité, le christianisme enseigne que notre destin est la résurrection, et non l’existence numérique. Notre espérance comprend la victoire sur la mort, la restauration finale qui vainc le mal et accomplit le plan de Dieu pour l’humanité, la communion éternelle avec Dieu – « la vie du monde à venir » ; pas une simple vie après la mort individuelle mais une existence rachetée, glorifiée dans la présence de Dieu.

Conclusion

L’IA nous incite à réfléchir théologiquement à ce que signifie être humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Ces réflexions et discussions dans le contexte de la foi renforcent la valeur et la dignité uniques des êtres humains par rapport aux entités artificielles.

En tant que chrétiens, nous sommes appelés à utiliser l’IA avec sagesse et vigilance, conscients de l’empreinte profonde qu’elle laisse dans la vie quotidienne. Des appareils intelligents (« smart ») aux voix numériques, ces outils nous servent, mais ils reflètent aussi les mains qui les ont façonnés. Derrière chaque algorithme se cachent des choix, des biais et des influences invisibles. Dans un tel monde, le discernement n’est pas facultatif. C’est un devoir de foi : penser de manière critique, agir avec sagesse et guider les autres pour qu’ils fassent de même.

En fin de compte, l’IA reste ce qu’elle est : un outil fabriqué par la main de l’homme, qui n’est pas doté d’une âme ou d’une personnalité. Si son pouvoir peut être utilisé pour le bien, il peut aussi être mal utilisé, et c’est pourquoi il doit être guidé par des principes moraux chrétiens. Le Credo de Nicée nous rappelle que la dignité humaine ne repose pas sur l’intelligence ou les capacités technologiques, mais sur notre relation avec Dieu, qui nous appelle à l’amour et à la communion. En tant que produit de la créativité humaine, l’IA peut soutenir notre travail et notre mission, mais elle ne doit jamais remplacer ou redéfinir ce que signifie être humain. Car seules les personnes créées à l’image de Dieu peuvent partager la profondeur des relations, la sagesse spirituelle et l’espoir dont le monde a réellement besoin.

L’année 2025 marque le 1700e anniversaire de Nicée et l’Année jubilaire de l’espérance ouverte par le pape François, aujourd’hui disparu, dont l’héritage nous appelle à rester vigilants. Au milieu des promesses et des périls de l’IA, notre foi repose sur la loi souveraine de Dieu, conscients que le progrès humain n’est qu’une ombre passagère. La véritable espérance se tourne vers le ciel nouveau et la terre nouvelle (Ap 21, 1), où la technologie ne sauve ni ne juge, mais où Dieu est « tout en tous » (1 Co 15:26). En ce Jubilé, l’IA devient un terreau fertile pour l’espérance prophétique – notre quête de justice et de paix fondée sur la promesse certaine de la victoire de Dieu.

BONUS

« Aujourd’hui l’Église offre à tous son héritage de doctrine sociale pour répondre à une autre révolution industrielle et aux développements de l’intelligence artificielle, qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail »
Léon XIV, en expliquant le choix de son nom

Dans l’esprit du désir du pape Léon XIV que l’Église s’engage dans le champ de mission du numérique, Sr Judette transmet le lien d’une IA catholique multilingue : Magisterium AI.

Il s’agit d’une interface qui bénéficie de plus de 25 000 textes catholiques incluant la Bible, les documents pontificaux et de l’Église, de saints, de théologiens, etc. Signalons aussi catéGPT et Catholic.chat.

Image créée avec l’aide de l’IA. Source

Un mois avec la communauté de Toulouse

Sr Marie Claudine

C’est les trois dimensions de notre mission vécue avec mes sœurs qui m’ont marquée. Et, j’ai beaucoup aimé cette expérience.

À chaque prière communautaire, celles qui ne peuvent pas être présentes à cause de leur engagement apostolique ou autres raisons ne sont pas oubliées. J’ai senti une vraie communion de cœur dans notre prière.

J’ai également goûté les temps de prière avec les jeunes « Céna club », ainsi que la prière partagée chaque mercredi.

J’ai profité des visites comme celle de la basilique de Saint-Sernin et de Lourdes.

 

À chaque prière communautaire, celles qui ne peuvent pas être présentes à cause de leur engagement apostolique ou autres raisons ne sont pas oubliées. J’ai senti une vraie communion de cœur dans notre prière.

J’ai également goûté les temps de prière avec les jeunes « Céna club », ainsi que la prière partagée chaque mercredi.

J’ai senti que la communauté est réellement un lieu où règnent la joie partagée, la reconnaissance mutuelle, la souplesse et la disponibilité de chacune, les détentes (quelques fois avec les jeunes professionnelles), l’ambiance communautaire. C’est un lieu où on partage bien sûr le repas fraternel.

Ce n’est pas par hasard que je suis arrivée dans cette communauté, c’est la grâce de Dieu. L’aide de la communauté pour toutes les démarches qui ont été effectuées concernant la validation de mon visa et les dossiers de mes études m’ont touché énormément.

Pendant ce temps, j’ai pu faire du jardinage dans le jardin de la communauté et aussi aller chez une amie du Cénacle à la campagne à Saint Frajou. Il y avait une très bonne ambiance pendant notre jardinage ensemble. Chacune était très contente de jardiner. Quelle ambiance ! J’ai aussi pu participer à la cuisine (cuisiner).

Je suis également allée à « La Casela », une espace de fraternité pour toutes les femmes avec enfants de moins de 3 ans ou sans enfants, on a vu dans cet endroit des personnes de différents pays.  Ce lieu est un endroit où on vit la convivialité, l’accueil mutuel, un lieu d’écoute, de rencontre et de partage. C’était vraiment comme une vie familiale.

Ce lieu a été très intéressant pour moi parce qu’il y a eu de l’apprentissage du français et un atelier de cuisine et de pâtisserie.

Lors de cette expérience, j’ai vécu de la joie, de l’ouverture, du partage. J’ai aussi ressenti la compréhension réciproque, la confiance en soi, la volonté d’initialiser quelque chose que je ne connais pas encore. Tout cela m’a permis de vivre profondément la souplesse et la disponibilité. Malgré mon mauvais français, j’ai pu vivre librement cette expérience et j’en ai beaucoup profité.

La suite de mon expérience à Lyon m’a permis de visiter les archives dans ce lieu et cette maison historique. Les différentes visites m’ont donné plus de connaissance sur l’histoire de la congrégation. J’ai eu beaucoup d’espérance et j’ai été confirmée dans ma vocation.

Ce qui m’a beaucoup touché, c’était le moment où j’ai vu directement le corps de Mère Thérèse Couderc à Lalouvesc. J’ai vu également les reliques de François Régis et du Père Terme.

En fait, tout ce que j’ai vécu pendant mon expérience m’a fait grandir en Christ et a augmenté mon amour de la Congrégation. Je peux dire que maintenant, j’ai mieux compris le sens du passage de l’internationalité à l’interculturalité.

Relecture de la première partie de mon expérience (Rome)

Sr Alidah
« Dieu est Bon, plus que bon, il est la Bonté »

C’est une joie pour moi de partager l’expérience que j’ai vécu à Rome. Pour commencer, je vais expliquer le symbole que j’ai reçu à la fin de notre temps ensemble. À l’ouverture de notre expérience, les accompagnatrices nous ont demandé de chercher un symbole et j’ai choisi une PIERRE. Je vois en ce symbole l’endurance, soit pour la vie spirituelle, soit pour la vie humaine. C’est pour cela que j’ai encore repris, à la fin de l’expérience, le même symbole « pierre ».  Car durant l’expérience vécue, ma foi est devenue forte, ma vocation dans cette congrégation est davantage confirmée.

J’ai mis ensuite l’EVANGILE sous mon symbole « pierre », car l’Evangile m’a accompagné tout au long de mon expérience. Par l’Evangile d’aujourd’hui, par exemple, j’ai entendu la demande de Jésus à Bartimée : que veux-tu que je fasse pour toi ?

J’ai déposé également autour de l’Evangile et de ma pierre les NOMS de toutes les personnes qui m’ont accompagnée, ainsi que les LIVRES que nous avons utilisé durant l’expérience à Rome.

Comme, les sœurs accompagnatrices ont donné des pistes pour le partage final, je suis beaucoup marquée par une proposition de donner UN NOM à Dieu : qui est- Il pour moi ? Donc, j’ai nommé Dieu : DIEU GENEREUX. Car Dieu m’a tout donné, Il a fait des grandes choses pour moi. Nous avons beaucoup visité des lieux et quand nous avons été au CIRCO MASSIMO et au COLISÉE, je suis beaucoup touchée par les dernières prières des martyrs chrétiens avant que les lions les dévorent. Le sang des martyrs a vraiment coulé partout dans la Rome antique. L’histoire des martyres m’a fait grandir spirituellement et humainement.

En résumé, pour moi, tous les lieux que nous avons visités sont des lieux des martyrs. J’ai compris la parole du Christ : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Mt 16,24. C’est cela aussi que Mère Thérèse Couderc dit clairement dans le « Se Livrer » :  » Ne reculer devant aucun des petits sacrifices qui peuvent servir à notre avancement dans la vertu ». La Croix est un chemin de SAINTETÉ.

Merci infiniment à vous la communauté du généralat de nous avoir donné Susay , Hanitra, Helena, qui nous ont accompagné jusqu’au bout, ainsi que Beth qui nous a rejoint en chemin.  En un mot : Merci beaucoup !

DIEU GENEREUX

Seigneur mon Dieu, je te remercie De tout mon cœur 

Ton amour est répandu toute la terre

Tu es toujours avec moi

Mon cœur est alors rempli de joie 

 

Tu ne m’abandonne jamais même quand j’ai péché 

Seigneur ! Merci pour toutes merveilles 

Je n’arrive pas à dire en détails 

 

Tous les jours Tu es GENEREUX grâce à ton amour 

Tu me donne tout sans retour

et alors je Te dis 

Seigneur je Te confie

 

Enseigne-moi ton chemin pour mieux répondre à ton appel 

Je crois que Tu ne me laisses pas seule 

Tu es là ! Ma vie est belle 

Je te rends grâce de tout mon cœur 

Avec Toi, je suis très fière 

 

Seigneur ! Je te demande une seule chose

Une question vient de toi qui se pose

Que veux-tu que je fasse pour toi sœur ?

Et je Te dis avec mon cœur ouvert 

Donne-moi un cœur qui sait aimer 

Car Tu es un DIEU GENEREUX !!!

« Le Seigneur a fait pour moi des merveilles »

Sr Rufine

L’expérience internationale a ouvert mon cœur et mon esprit à vivre la diversité et l’interculturalité. Cette expérience est un cadeau de Dieu pour moi afin que je puisse goûter profondément la richesse culturelle. Je suis restée 11 jours à Rome, le temps est passé très vite. J’ai vécu cette expérience avec liberté et j’ai découvert que Rome est riche de l’histoire chrétienne comme celle de Pierre et Paul, des martyrs, de Saint Ignace, ainsi que des différents monuments romains.

Quand je suis entrée au Vatican, dans la basilique Saint-Pierre, j’ai vu de nombreux autels et chaque autel avait une messe ; cela me rappelle le « se livrer » de sainte Thérèse Couderc : elle a entendu le son de la cloche et a vu plusieurs autels où le sang de l’agneau coulait sur chaque autel. J’ai aussi participé à la messe dans la chapelle où on voit clairement le trône de Saint-Pierre. J’ai vécu cela avec une grande joie intérieure et une foi profonde. Tout cela me pousse à rendre grâce à Dieu.

Aux Trois Fontaines où Saint Paul a été martyrisé, la tête de Saint Paul a rebondi trois fois sur le sol. Ce Saint a beaucoup souffert mais n’a pas eu peur, il était prêt à mourir dans la foi. Je suis très touchée par cette attitude de Saint Paul et cela m’a fait penser qu’il y a de la souffrance à endurer dans la vie et après la souffrance, c’est la vraie vie. Le martyr Saint Paul m’a aidé à m’attacher au Christ et a renforcé ma foi.

En ce qui concerne saint Ignace de Loyola, j’ai visité sa chambre, l’endroit où il a écrit les Exercices Spirituels. Ce qui m’a beaucoup touché, c’est que sa chambre est très étroite, simple, ce qui signifie qu’en le voyant, je me suis dit que c’est un signe de sa sincérité de vie et de son détachement total des richesses terrestres. Pour toutes ces découvertes, je ne cesse pas de rendre grâce à Dieu qui m’a montré ses merveilles.

À Versailles, j’ai vécu avec la communauté durant 1 mois. Cela est un don de Dieu. Ce qui m’a touché c’est qu’il y a beaucoup de types d’animation spirituelle dans ce Centre. Je suis très heureuse parce que la communauté m’a permis d’assister à quelques animations comme celle de « goûter et partager la parole de Dieu », « Matinée Spirituelle », « Week-end spirituel » et « lectio Divina ». Dans tout cela, j’ai ouvert mon cœur, mon âme et mon esprit pour accueillir des fruits.

L’organisation communautaire qui donne place à la prière ensemble a ancré mon cœur dans le Christ ; le partage profond avec foi et confiance de chacune pendant la prière partagée tout le dimanche m’a permis de vivre l’expérience de la communauté des disciples avec Jésus. J’ai participé aussi à la vie courante. J’ai reçu beaucoup de choses qui m’aident à vivre ma vocation dans la vie à Versailles.

À Lyon, lieu historique de notre Congrégation, j’ai reçu beaucoup de grâce. Ce qui m’a touchée c’est la chambre de Sainte Thérèse Couderc qui m’a fait comprendre son humilité, son silence, son « se livrer », sa simplicité. Dans sa chambre j’ai vu les objets qu’elle a utilisé : aiguille, ciseau, linge, bout de papier avec des paroles de Dieu … je suis convaincue que c’est dans la vie quotidienne qu’on trouve la vraie vie, le vrai bonheur qui donnent la vie éternelle.

A Lalouvesc, quand je suis entrée à la basilique Saint Régis, je sens que le corps de Mère Thérèse accueille toutes les personnes qui viennent dans cette basilique. Je suis touchée quand j’ai vu la Bonté sur le visage de sainte Thérèse Couderc, son amour infini, sa simplicité, son cœur grand comme le monde…

J’ai confirmé mon offrande avec Mère Thérèse à Notre Dame D’Ay.

C’est un cadeau aussi que j’ai pu visiter la maison natale de Mère Thérèse au Mas. J’ai pu y rester quelques jours. C’est un miracle pour moi que cette maison est encore là. J’ai pu imaginer les qualités de la famille de Mère Thérèse : sociable, chrétienne et solidaire.

Je te rends grâce mon Dieu de m’avoir appelée et choisie. Je suis également reconnaissante à toute la Congrégation qui m’a permis de vivre cette expérience,

J’ai reçu beaucoup de merveilles qui marquent ma vie.

Mon expérience interculturelle

Sr Lucie

La première chose qui m’a frappé c’est l’accueil chaleureux des sœurs, avec tous les gestes d’amour exprimé partout même dans la chambre. Cela m’a donné beaucoup de joies.

Cette expérience m’a fait sentir que je suis précieuse aux yeux de Dieu et que je dois toujours être heureuse de la grâce qu’il me donne chaque jour.

A Rome, ma visite des tombeaux des martyrs m’a touché. J’étais spécialement frappée par l’histoire de Pierre.  J’ai senti que Pierre était une personne simple qui n’avait pas beaucoup de connaissances intellectuelles, mais il est devenu Saint. Je suis convaincue que je ne dois pas attendre pour devenir un grand expert pour pouvoir faire ma mission. C’est ma capacité d’utiliser ce que Dieu me donne qui est la plus importante.

En France, les moments les plus forts pour moi ce sont nos jours à Lalouvesc, là où j’ai vu directement la corp de Mère Thérèse dans la basilique de Saint Jean François Régis. J’étais également très heureuse de découvrir l’ancienne place de la châsse dans notre maison source. Les nombreux souvenirs laissés par Mère Thérèse et Père Terme, François Régis sont précieux pour moi. Les objets spirituels m’ont fait comprendre leur manière d’aider les autres et leur bon esprit en aimant tout le monde.

J’étais touchée par le lien entre St François Régis et Mère Thérèse. J’ai trouvé de bons souvenir de Mère Thérèse dans le Musé de Saint François Régis.

À la basilique Saint Paul à Rome

Je garde beaucoup de choses sur la vie de Mère Thérèse, mais je veux dire tout simplement que mon contact avec elle ravive en moi le désir de vivre davantage la simplicité de notre fondatrice et de son amour de prière. Que cela m’aide à aimer chacune de mes sœurs quelques soient leur limite, à aimer également toutes personnes, spécialement celles que je rencontre dans la mission que la Congrégation me confie.

Ilna

J’ai découvert le Cénacle en janvier 2023 sur invitation de Noémie.

En effet, ce fut une période où j’étais très dépressive et je n’avais goût ni à la fête ni à rien. Ainsi, sur insistance de mon cher époux on s’y était rendu.  Dieu est simplement merveilleux.  Il m’a redonné la force, l’espoir et le goût à la vie fraternelle suite à l’accompagnement de la sœur Lydia.

 

A l’occasion, mon époux et moi avions découvert la fraternité et nous l’avons intégrée avec joie. Cette joie ne cesse de grandir avec les rencontres et surtout avec l’engagement.

Merci à Dieu tout puissant.

Qu’il comble la vie des sœurs du Cénacle.

Michèle

J’ai rencontré les sœurs Laurence et Simone à Zinvié (Bénin) chez les sœurs Clarisse, auprès de qui j’étais venue faire une retraite de 3 jours en février 2019.

Le dimanche au cours de la messe, le prêtre les avait publiquement remerciées pour le travail d’accompagnement qu’elles ont accompli auprès des novices de la communauté. À la sortie, je me dépêche de les rattraper pour en savoir plus sur l’accompagnement et j’ai ainsi reçu les prospectus du Cénacle de Vogan.

Quelques mois plus tard j’ai programmé ma 1ere retraite au Cénacle et j’ai aimé l’accompagnement. Chaque année, je viens au Cénacle pour diverses retraites et j’en sors toujours plus vivifiée à vivre la spiritualité ignatienne.

J’ai découvert le programme de formation FAS (Formation à l’accompagnement spirituel) et m’y suis inscrite, tout en suivant le programme d’Initiation Théologique et Pastorale de Cotonou. J’y ai rencontré Narcisse qui y était déjà un an plus tôt. Lors d’une retraite de 8 jours à Vogan, je croise encore Narcisse et l’idée de faire quelque chose à Cotonou commence à faire son chemin en moi. J’ai appelé Narcisse et lui fit part de mon idée. Il m’informe alors que l’idée est déjà en cours de réalisation avec des amis qui avaient déjà fait le cheminement et qui souhaitent une continuité des fruits de ce cheminement. C’est ainsi que commence une série de rencontres, souvent à Vogan ou à l’EITP et après auprès des membres de la Fraternité naissante. J’ai été émerveillée de découvrir des personnes qui partageaient les mêmes valeurs de partage et j’ai décidé de m’engager encore plus pour vivre les valeurs du Cénacle. Cet engagement a été concrétisé à la Pentecôte 2024. Merci Seigneur pour tes merveilles.

Acte d'offrande

Seigneur Jésus, je m’unis à votre sacrifice, perpétuel, incessant, universel. Je m’offre à vous pour tous les jours de ma vie et pour chaque instant du jour, selon votre très sainte et très adorable volonté.

Vous avez été la victime de mon salut, je veux être la victime de votre amour.

Agréez mon désir, acceptez mon offrande, exaucez ma prière : que je vive d’amour, que je meure d’amour et que le dernier soupir de mon cœur soit un acte du plus parfait amour.

Ainsi soit-il

Bonté

J’ai eu il y a quelques jours une vue qui m’a bien consolée.

C’était pendant mon action de grâce que je fis quelques réflexions sur la bonté de Dieu, et comment ne pas y penser dans ces moments-là, à cette bonté infinie, bonté incréée, source de toutes les bontés ! et sans laquelle il n’y aurait aucune bonté ni dans les hommes, ni dans les autres créatures… J’étais extrêmement touchée de ces réflexions, lorsque je vis écrit comme en lettres d’or ce mot Bonté que je répétais depuis longtemps avec une indicible douceur. Je le vis, dis-je, écrit sur toutes les créatures animées et inanimées, raisonnables ou non, toutes portaient ce nom de bonté, je le voyais même sur la chaise qui me servait de prie-Dieu. Je compris alors que tout ce que ces créatures ont de bon et tous les services et les secours que nous recevons de chacune d’elles est un bienfait que nous devons à la bonté de notre Dieu, qui leur a communiqué quelque chose de sa bonté infinie, afin que nous la rencontrions en tout et partout.

Mais tout ce que je vous dis là n’est rien ; si je pouvais vous dire quelque chose de ce que j’ai éprouvé dans ce moment-là, à la bonne heure, mais impossible de le rendre, ce qui est Divin ne se rend pas. Seulement, je ne m’étonne plus que les saints fussent ravis à la vue de cette bonté que tant d’âmes connaissent si peu ; cette impression m’a duré plusieurs jours pendant lesquels je ne pouvais prendre de goût à rien qu’à ce que j’avais vu et éprouvé.

 

Lettre de Mère Thérèse Couderc à Mère de Larochenégly, Supérieure générale, 10 août 1866 (extrait)

Se livrer

Dimanche 26 juin [1864]
« Déjà plusieurs fois Notre-Seigneur m’avait fait connaître combien il était utile pour l’avancement d’une âme qui désire sa perfection de se livrer sans réserve à la conduite de l’Esprit Saint. Mais ce matin il a plu à sa divine Bonté de m’en donner encore une vue toute particulière. Je me disposais à commencer ma méditation lorsque j’ai entendu le son de différentes cloches qui appelaient les fidèles à l’assistance aux divins Mystères. Dans ce moment, j’ai désiré m’unir à toutes les messes qui se disaient et ai pour cela dirigé mon intention afin d’y participer. Alors, j’ai vu d’une vue générale, tout l’univers catholique et une multitude d’autels où s’immolait en même temps l’adorable Victime. Le sang de l’Agneau sans tache coulait en abondance sur chacun de ces autels qui m’apparaissaient environnés d’une fumée fort légère qui s’élevait vers le ciel. Mon âme était saisie et pénétrée d’un sentiment d’amour et de reconnaissance à la vue de cette satisfaction si abondante que Notre-Seigneur offrait pour nous. Mais j’étais aussi dans un grand étonnement de ce que le monde entier n’en était pas sanctifié. Je demandai comment il se faisait que le sacrifice de la Croix n’ayant été offert qu’une seule fois ait été suffisant pour racheter toutes les âmes, et que, renouvelé tant de fois, il ne suffit pas à les sanctifier toutes. Voici la réponse que j’ai cru entendre : Le sacrifice est sans doute suffisant par lui-même, et le sang de Jésus-Christ plus que suffisant pour la sanctification d’un million de mondes, mais les âmes manquent de correspondance et de générosité. Or, le grand moyen d’entrer dans la voie de la perfection et de la sainteté, c’est de se livrer à notre bon Dieu.

Mais qu’est-ce que “se livrer” ? Je comprends toute l’étendue du sens de ce mot : se livrer, mais je ne puis l’expliquer.
Je sais seulement qu’il est très étendu, qu’il embrasse le présent et l’avenir.

Se livrer, c’est plus que se dévouer, c’est plus que se donner, c’est même quelque chose de plus que s’abandonner à Dieu.
Se livrer enfin, c’est mourir à tout et à soi-même, ne plus s’occuper du moi que pour le tenir toujours tourné vers Dieu.
Se livrer, c’est encore ne plus se chercher en rien, ni pour le spirituel, ni pour le temporel, c’est-à-dire ne plus chercher de satisfaction propre mais uniquement le bon plaisir divin.

Il faut ajouter que se livrer, c’est aussi cet esprit de détachement qui ne tient à rien, ni pour les personnes, ni pour les choses, ni pour le temps, ni pour les lieux. C’est adhérer à tout, accepter tout, se soumettre à tout.
Mais on va croire peut-être que cela est bien difficile à faire. Qu’on se détrompe, il n’y a rien de si facile à faire et rien de si doux à pratiquer. Le tout consiste à faire une seule fois un acte généreux, en disant avec toute la sincérité de son âme : “Mon Dieu, je veux être tout à vous, daignez accepter mon offrande.” Et tout est dit. Avoir soin désormais de se tenir dans cette disposition d’âme et ne reculer devant aucun des petits sacrifices qui peuvent servir à notre avancement dans la vertu. Se rappeler que l’on s’est livré.

Je prie Notre-Seigneur de donner l’intelligence de ce mot à toutes les âmes désireuses de lui plaire, et de leur inspirer un moyen de sanctification si facile. Oh ! si l’on pouvait comprendre à l’avance quelles sont les douceurs et la paix que l’on goûte quand on ne met pas de réserve avec le Bon Dieu ! Comme il se communique à l’âme qui le cherche sincèrement et qui a su se livrer. Que l’on en fasse l’expérience et l’on verra que c’est là où se trouve le vrai bonheur que l’on cherche en vain sans cela.

L’âme livrée a trouvé le paradis sur la terre, puisqu’elle y jouit de cette douce paix qui fait en partie le bonheur des élus. »