La naissance d’un charisme
Quelque chose de nouveau surgit lorsque l’Esprit Saint fait se rencontrer :
- un homme, Étienne Terme, prêtre missionnaire, parcourant une région de France, la Haute Ardèche, encore toute marquée par la Révolution française,
- et une femme Thérèse Couderc, brûlant d’amour pour le Christ, et qui n’a « qu’un désir, le faire connaître et aimer », en particulier aux femmes et aux plus démunis.
De cet homme et de cette femme de feu et du besoin très fort de réévangéliser la région, l’Esprit fait jaillir une congrégation nouvelle.
Nous sommes en 1826 dans un village de la Haute Ardèche, La Louvesc. Là se pressent des foules qui viennent en pèlerinage au tombeau de saint Jean François Régis, Jésuite mort là en 1640. Ces pèlerins viennent y puiser un sens pour leur vie, au contact de ce missionnaire énergique d’Ardèche. Cette dimension de « pèlerin », toujours en marche, s’inscrit au cœur d’Étienne et de Thérèse, qui osera dire : « Mon cœur est grand comme le monde » et entraîne par la suite les sœurs sur les cinq continents.
« Je suis venu apporter le feu sur la terre et comme je voudrais que déjà il fût allumé ».
Lc 12, 49 (Parole inscrite au dos de nos croix dans notre langue)
L’influence de la spiritualité ignatienne
L’Esprit poursuit son œuvre avec une autre rencontre : en 1829, en faisant sa propre retraite, le Père Terme découvre les Exercices spirituels de Saint Ignace. Il est immédiatement conquis et demande aux Sœurs de les utiliser dans leur vie et dans leur apostolat, faisant entrer la congrégation dans la Spiritualité ignatienne.
La proposition ignatienne consiste à cheminer pas à pas à la suite du Christ, à contempler chaque étape de la vie de Jésus et à se laisser façonner par Lui, par la Parole, jusqu’à « aimer et embrasser ce que Jésus Christ a Lui-même aimé et embrassé » (Const. 3).
Il s’agit également de vivre sa vie en attitude de discernement, personnel et communautaire, pour percevoir quel esprit anime nos paroles, nos actes, nos comportements, nos décisions, nos choix et ceux du monde, pour discerner dans les appels du monde et de l’Église, ceux auxquels l’Esprit nous invite à répondre librement.
Les expériences spirituelles de notre fondatrice
Nous voulons mettre au centre de notre vie le Christ Jésus dans son humanité, dans son agir et dans sa Parole comme le père Terme l’a appris de la spiritualité de son temps : l’École française puis dans les Exercices Spirituels.
Nous cherchons à avancer peu à peu sur un chemin de vraie liberté, dans « cet esprit de détachement qui ne tient à rien… se livrer, ne plus se chercher en rien… mais uniquement le bon plaisir divin », selon l’expérience que nous partage Thérèse Couderc. Découvrir comment suivre le Christ pauvre, chaste et obéissant au Père, nous entraîne vers cette liberté des enfants de Dieu.
Aimer passionnément ce monde, chercher et trouver Dieu en tout, personnes, situations, évènements est l’attitude intérieure que nous adoptons comme Sœur du Cénacle. Thérèse nous partage comment elle-même a été saisie par la Bonté du Seigneur, présente en tout et partout : « Je vis écrit ce mot de Bonté, comme en lettres d’or, sur toutes les créatures animées ou inanimées, raisonnables ou non, toutes portaient ce nom de Bonté… Je compris que tout ce que ces créatures ont de bon… est un bienfait que nous devons à la bonté de notre Dieu, qui leur a communiqué quelque chose de sa bonté infinie, afin que nous la rencontrions en tout et partout ». C’est le regard même de Dieu créateur, que Thérèse nous invite à poser sur tout et tous, regard qui donne ou redonne vie, regard qui crée.
Marie au Cénacle
La congrégation prend peu à peu conscience qu’elle vit l’esprit et la mission de la première Église réunie autour de Marie dans la retraite du Cénacle, la Chambre haute de Jérusalem.
C’est donc tout naturellement que ce mystère de la première Assemblée de l’Église naissante donne son nom à la congrégation des « sœurs de Notre-Dame de la Retraite au Cénacle ».
Au Cénacle, nous vivons – nous et tous ceux et celles que nous accueillons ou auxquels nous sommes envoyées – ce que cette toute première assemblée a vécu : nous faisons mémoire avec Marie des faits et gestes, des paroles et silences de Jésus et nous les laissons éclairer et donner sens à ce que nous vivons, à ce que vit l’Église, à ce que vit le monde. C’est de cette écoute de l’Esprit que surgissent les appels qui nous sont adressés.
« dans la chambre haute… tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec Marie la mère de Jésus »
Ac 1, 13-14
À l’écoute de l’Esprit Saint
Marie, « femme partenaire de Dieu » (2), est toujours celle qui se laisse envahir par l’Esprit, de l’Annonciation à la Pentecôte, celle qui donne naissance au Verbe et féconde l’Église. Avec elle et comme elle, avec sainte Thérèse Couderc « livrée sans réserve à l’action de l’Esprit Saint », nous sommes appelées à nous laisser conduire par l’Esprit-Saint pour permettre au Verbe de prendre chair dans notre vie. C’est ce qui nous permet d’accompagner beaucoup de femmes et d’hommes, de tout âge, de toute condition, de toute périphérie, de tout pays, dans leur vocation de baptisé. En cela nous sommes des femmes de la Parole.
« Le mystère du Cénacle… c’est le Mystère d’attente et d’appel de l’Esprit Saint dans la prière et la retraite, avec Marie, tout orienté vers l’effusion de l’Esprit qui envoie les Apôtres jusqu’aux extrémités de la terre »
Const. 2
Ce mystère de la première assemblée de l’Église naissante, marque aussi nos vies d’une dimension communautaire particulière, dans laquelle chacune est invitée à « s’engager profondément, appelées, rassemblées, unies pour la même mission » (Const. 67)
(2) Sr Ghislaine Côté, sœur du Cénacle, extrait de Le Cénacle, fondements christologiques et spiritualité.
Le Cénacle dans l’art
Approfondir le mystère du Cénacle
Avec quelques œuvres d’art couplées à des textes, allons plus loin dans la compréhension de ce mystère très riche qu’est le Cénacle, représentation de la Pentecôte mettant au centre la figure de Marie dans l’attente, l’effusion de l’Esprit et le départ en mission.
La fête du Cénacle
Notre-Dame du Cénacle est la fête patronale de la Congrégation. Elle est célébrée le samedi qui suit l’Ascension.
On y fait mémoire de la première assemblée de l’Église naissante dont parlent les Actes des Apôtres (Ac 1, 12-14) : les proches de Jésus rassemblés avec Marie attendaient et appelaient la venue de l’Esprit qui enverrait les Apôtres jusqu’aux extrémités de la terre.
C’est de cette première communauté d’Église que les sœurs du Cénacle apprennent comment vivre et unifier très intimement les trois dimensions de leur vie et de leur mission : l’apostolat, la prière et la vie fraternelle.
Le titre de Notre-Dame du Cénacle donné à Marie, ainsi que la messe et l’Office qui lui sont associés, sont approuvés par l’Église à la fin du XIXème siècle à la demande de la Congrégation.
Chaque année, la messe de Notre-Dame du Cénacle est célébrée par les communautés de la Congrégation dans les différents pays, et ce jour-là, nous renouvelons nos vœux.