Cénacle de Jérusalem

Le Cénacle il y a 2000 ans

lieu de l’institution de l’Eucharistie, de la Pentecôte et de la naissance de l’Église. Ce texte a été écrit par Mme Aline Fournier. Il reprend l’introduction qu’elle a faite le 11 mai 2024 à l’occasion d’une journée Portes Ouvertes de la Fraternité de Nice dont elle est membre.

Le Cénacle est une demeure où s’est déroulée la dernière Cène du Christ au premier siècle de notre ère. Elle est située à Jérusalem sur la colline de Sion, elle existe encore aujourd’hui, mais les différentes destructions et maintes reconstructions au cours des siècles font qu’elle n’a plus rien à voir avec la demeure du temps de Jésus.

Le Cénacle de Jérusalem aujourd’hui

Pourtant, les trois communautés religieuses de la ville se recentrent autour du Cénacle. Les Juifs vénèrent le tombeau du roi David situé au rez-de-chaussée. Pour les Musulmans c’est le tombeau d’un prophète, mentionné à plusieurs reprises dans le Coran. Cela est donc aussi très important.

Au premier étage, dans « la chambre haute », les Chrétiens vénèrent l’établissement de l’Eucharistie par Jésus, il y a 2 000 ans, entouré de ses apôtres. Le terme CENACLE dit tout simplement que l’on a gardé ici la mémoire de la Cène du Christ, son dernier repas, pris avec les Douze.

Comment cela s’est-il passé ?

Premier temps : Institution de l’Eucharistie

LECTURE : Mc 14, 12-15

« Le premier jour des Azymes, où l’on immolait la Pâque, ses disciples lui disent : « où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? » Jésus envoie alors deux de ses disciples, en leur disant : « Allez à la ville ; vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : « Le Maître te fait dire : Où est ma salle, où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? ». Et il vous montrera, à l’étage, une grande salle garnie de coussins, toute prête ; faites-y pour nous les préparatifs »

COMMENTAIRE

Deux choses importantes :

Le Maître dit : Où est « ma » salle ?

Une grande pièce aux lits couverts de coussins, « toute prête »

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Ces deux précisions montrent que Jésus a bien préparé la soirée. Lui seul sait que sa mort approche et que Judas va le livrer. Le dernier repas se passe dans une demeure connue de lui seul. L’hôte, le propriétaire, n’est pas précisé.

À cette époque, toutes les maisons de Jérusalem ont au moins un toit-terrasse, et le plus souvent deux niveaux d’habitation. Comme une salle supérieure est plus prisée pour une réception, le dernier repas de Jésus avec ses disciples a lieu dans la chambre haute.

***.

LECTURE : Mc 14, 17.22-24

« Le soir venu, Jésus arrive avec les Douze » (…) Et tandis qu’ils mangeaient, il prit du pain, le bénit, le rompit et le leur donna en disant : « Prenez, ceci est mon corps ». Puis, prenant une coupe, il rendît grâce et la leur donna, et ils burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui va être répandu pour une multitude »

.L’Institution de l’Eucharistie se passe donc au Cénacle la veille de sa passion, le jeudi saint, et trois jours plus tard, Jésus ressuscite, le jour de Pâques. Pâques est un jour de joie : Jésus a vaincu la mort.

Deuxième temps : Période entre Pâques et l’Ascension : L’Apparition


Cette période entre Pâques et l’Ascension est une période de 40 jours.

Pour parler de cette période, je ferai référence aux 2 livres écrits par Luc : son Évangile et le livre des Actes des Apôtres. En effet, l’un et l’autre se complètent..

Son Évangile apporte plusieurs précisions qui sont manquantes dans les Actes. L’Évangile précise que Jésus apparaît aux Apôtres à Jérusalem, « où les Onze et leurs compagnons sont réunis » comme à leur habitude (Luc 24,33). Les Apôtres, « saisis de frayeur et de crainte », n’y croient pas. Jésus montre ses plaies et leur demande quelque chose à manger pour leur montrer que ce n’est pas un esprit, mais que c’est bien lui, Jésus, en chair et en os (Luc 24,36-43).

Plus bas, Luc précise :

« Puis, Jésus les emmena jusque vers Béthanie, et il advint, comme il les bénissait, qu’il se sépara d’eux, et fut emporté au ciel »
Luc 24,50-51

Ces deux éléments permettent de déduire que l’apparition de Jésus au milieu des Apôtres se passe au Cénacle.

En effet, le livre des Actes des Apôtres prolonge les propos de Jésus lors de son apparition au Cénacle.

« Étant donc réunis, les apôtres l’interrogeaient ainsi : « Seigneur, est-ce maintenant, le temps où tu vas restaurer la royauté en Israël ? ». Il leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et moments que le Père a fixés de sa seule autorité. Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre »
Ac 1,6-8

Dans l’Évangile de Jean, Jésus annonce à ses Apôtres la nécessité de son départ, la nécessité de l’Ascension pour permettre la venue de l’Esprit Saint.

« Maintenant, je m’en vais vers celui qui m’a envoyé. (…) C’est votre intérêt que je parte, car si je ne pars pas, le Paraclet (l’Esprit Saint) ne viendra pas sur vous (…) Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera dans la vérité tout entière. »
Jn 16, 5.7.13

Jésus les emmena jusque vers Béthanie, il se sépara d’eux et fut envoyé au ciel.

La Pentecôte

« Alors, ils se retournèrent à Jérusalem. Rentrés en ville, ils montèrent à la « chambre haute » où ils se tenaient habituellement »
Ac 1, 12-13

Ils étaient 12, dont Marie, la mère de Jésus.

« Quand, tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d’un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu’on eut dites de feu, elles se partageaient et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent alors remplis d’Esprit Saint et commencèrent à parler en d’autres langues selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. »
Ac 2,2-4

Luc utilise l’image du « violent coup de vent » qui rappelle en Exode 19,16 les signes de l’action de Dieu lors du Don de la Loi sur le Mont du Sinaï dans le tonnerre et le feu.

En Exode, il s’agit de l’Ancienne Alliance avec le peuple juif, qui fonda le judaïsme..

Au livre des Actes des Apôtres, le don de l’Esprit Saint marque la Nouvelle Alliance, née de la Résurrection du Christ..

Tout cela a été annoncé par le prophète Joël qui fait dire à Dieu : « Il arrivera, dans les derniers jours, que je répandrai mon Esprit sur toute créature : vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions et vos anciens auront des songes. Sur mes serviteurs et mes servantes, je répandrai mon Esprit en ces jours-là, et ils prophétiseront (…) Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé ».

Conclusion

Ainsi, au Cénacle, eut lieu l’institution de l’Eucharistie, l’apparition de Jésus aux apôtres après sa Résurrection et le Don de l’Esprit Saint. C’est donc le lieu où s’enracine le christianisme.

Nous pouvons donc reprendre les propos du Pape François qu’il a tenus en 2014 au Cénacle lors d’une messe concélébrée avec 80 patriarches, évêques et prêtres. Dans son homélie, le Saint Père a souligné les messages qui nous parviennent du Cénacle..

« Ici, est née l’Église, et d’ici elle est sortie. D’ici, elle est partie, le pain rompu entre les mains, les plaies de Jésus dans les yeux, et l’Esprit d’amour dans le cœur. Au Cénacle, Jésus ressuscité a été envoyé par le Père aux apôtres pour leur communiquer son Esprit, et par cette force, il les a envoyés renouveler la face de la terre. L’Église en marche conserve la mémoire de ce qui s’est passé ici. L’Esprit Saint se souvient de chaque mot, de chaque geste et révèle la voie. ».

La Cène (le Cénacle) nous rappelle les derniers moments, les dernières actions de la vie de Jésus qu’il a accomplies..

Son exemple signifie, selon les mots du Pape « s’accueillir, s’accepter, s’aimer les uns les autres, se servir les uns les autres ».

 

Aline Fournier...

« Le Seigneur a fait pour moi des merveilles »

Sr Rufine

L’expérience internationale a ouvert mon cœur et mon esprit à vivre la diversité et l’interculturalité. Cette expérience est un cadeau de Dieu pour moi afin que je puisse goûter profondément la richesse culturelle. Je suis restée 11 jours à Rome, le temps s’est passé très vite. J’ai vécu cette expérience avec liberté et j’ai découvert que Rome est riche de l’histoire chrétienne comme celle de Pierre et Paul, des martyrs, de Saint Ignace, ainsi que des différents monuments romains.

Quand je suis entrée au Vatican, dans la basilique Saint-Pierre, j’ai vu de nombreux autels et chaque autel avait une messe ; cela me rappelle le « se livrer » de sainte Thérèse Couderc : elle a entendu le son de la cloche et a vu plusieurs autels où le sang de l’agneau coulait sur chaque autel. J’ai aussi participé à la messe dans la chapelle où on voit clairement le trône de Saint-Pierre. J’ai vécu cela avec une grande joie intérieure et une foi profonde. Tout cela me pousse à rendre grâce à Dieu.

Aux Trois Fontaines où Saint Paul a été martyrisé, la tête de Saint Paul a rebondi trois fois sur le sol. Ce Saint a beaucoup souffert mais n’a pas eu peur, il était prêt à mourir dans la foi. Je suis très touchée par cette attitude de Saint Paul et cela m’a fait penser qu’il y a de la souffrance à endurer dans la vie et après la souffrance, c’est la vraie vie. Le martyr Saint Paul m’a aidé à m’attacher au Christ et a renforcé ma foi.

En ce qui concerne saint Ignace de Loyola, j’ai visité sa chambre, l’endroit où il a écrit les Exercices Spirituels. Ce qui m’a beaucoup touché, c’est que sa chambre est très étroite, simple, ce qui signifie qu’en le voyant, je me suis dit que c’est un signe de sa sincérité de vie et de son détachement total des richesses terrestres. Pour toutes ces découvertes, je ne cesse pas de rendre grâce à Dieu qui m’a montré ses merveilles.

À Versailles, j’ai vécu avec la communauté durant 1 mois. Cela est un don de Dieu. Ce qui m’a touché c’est qu’il y a beaucoup de types d’animation spirituelle dans ce Centre. Je suis très heureuse parce que la communauté m’a permis d’assister à quelques animations comme celle de « goûter et partager la parole de Dieu », « Matinée Spirituelle », « Week-end spirituel » et « lectio Divina ». Dans tout cela, j’ai ouvert mon cœur, mon âme et mon esprit pour accueillir des fruits.

L’organisation communautaire qui donne place à la prière ensemble a ancré mon cœur dans le Christ ; le partage profond avec foi et confiance de chacune pendant la prière partagée tout le dimanche m’a permis de vivre l’expérience de la communauté des disciples avec Jésus. J’ai participé aussi à la vie courante. J’ai reçu beaucoup de choses qui m’aident à vivre ma vocation dans la vie à Versailles.

À Lyon, lieu historique de notre Congrégation, j’ai reçu beaucoup de grâce. Ce qui m’a touchée c’est la chambre de Sainte Thérèse Couderc qui m’a fait comprendre son humilité, son silence, son « se livrer », sa simplicité. Dans sa chambre j’ai vu les objets qu’elle a utilisé : aiguille, ciseau, linge, bout de papier avec des paroles de Dieu … je suis convaincue que c’est dans la vie quotidienne qu’on trouve la vraie vie, le vrai bonheur qui donnent la vie éternelle.

A Lalouvesc, quand je suis entrée à la basilique Saint Régis, je sens que le corps de Mère Thérèse accueille toutes les personnes qui viennent dans cette basilique. Je suis touchée quand j’ai vu la Bonté sur le visage de sainte Thérèse Couderc, son amour infini, sa simplicité, son cœur grand comme le monde…

J’ai confirmé mon offrande avec Mère Thérèse à Notre Dame D’Ay.

C’est un cadeau aussi que j’ai pu visiter la maison natale de Mère Thérèse au Mas. J’ai pu y rester quelques jours. C’est un miracle pour moi que cette maison est encore là. J’ai pu imaginer les qualités de la famille de Mère Thérèse : sociable, chrétienne et solidaire.

Je te rends grâce mon Dieu de m’avoir appelée et choisie. Je suis également reconnaissante à toute la Congrégation qui m’a permis de vivre cette expérience,

J’ai reçu beaucoup de merveilles qui marquent ma vie.

À la basilique Saint Paul à Rome

Je garde beaucoup de choses sur la vie de Mère Thérèse, mais je veux dire tout simplement que mon contact avec elle ravive en moi le désir de vivre davantage la simplicité de notre fondatrice et de son amour de prière. Que cela m’aide à aimer chacune de mes sœurs quelques soient leur limite, à aimer également toutes personnes, spécialement celles que je rencontre dans la mission que la Congrégation me confie.

Mon expérience interculturelle

Sr Lucie

La première chose qui m’a frappé c’est l’accueil chaleureux des sœurs, avec tous les gestes d’amour exprimé partout même dans la chambre. Cela m’a donné beaucoup de joies.

Cette expérience m’a fait sentir que je suis précieuse aux yeux de Dieu et que je dois toujours être heureuse de la grâce qu’il me donne chaque jour.

A Rome, ma visite des tombeaux des martyrs m’a touché. J’étais spécialement frappée par l’histoire de Pierre.  J’ai senti que Pierre était une personne simple qui n’avait pas beaucoup de connaissances intellectuelles, mais il est devenu Saint. Je suis convaincue que je ne dois pas attendre pour devenir un grand expert pour pouvoir faire ma mission. C’est ma capacité d’utiliser ce que Dieu me donne qui est la plus importante.

En France, les moments les plus forts pour moi ce sont nos jours à Lalouvesc, là où j’ai vu directement la corp de Mère Thérèse dans la basilique de Saint Jean François Régis. J’étais également très heureuse de découvrir l’ancienne place de la châsse dans notre maison source. Les nombreux souvenirs laissés par Mère Thérèse et Père Terme, François Régis sont précieux pour moi. Les objets spirituels m’ont fait comprendre leur manière d’aider les autres et leur bon esprit en aimant tout le monde.

J’étais touchée par le lien entre St François Régis et Mère Thérèse. J’ai trouvé de bons souvenir de Mère Thérèse dans le Musé de Saint François Régis.

À la basilique Saint Paul à Rome

Je garde beaucoup de choses sur la vie de Mère Thérèse, mais je veux dire tout simplement que mon contact avec elle ravive en moi le désir de vivre davantage la simplicité de notre fondatrice et de son amour de prière. Que cela m’aide à aimer chacune de mes sœurs quelques soient leur limite, à aimer également toutes personnes, spécialement celles que je rencontre dans la mission que la Congrégation me confie.

Un mois avec la communauté de Toulouse

Marie Claudine

J’ai..

À chaque prière communautaire, celles qui ne peuvent pas être présentes à cause de leur engagement apostolique ou autres raisons ne sont pas oubliées. J’ai senti une vraie communion de cœur dans notre prière. J’ai également goûté les temps de prière avec les jeunes « Céna club », ainsi que la prière partagée chaque mercredi.

Ilna

J’ai découvert le Cénacle en janvier 2023 sur invitation de Noémie.

En effet, ce fut une période où j’étais très dépressive et je n’avais goût ni à la fête ni à rien. Ainsi, sur insistance de mon cher époux on s’y était rendu.  Dieu est simplement merveilleux.  Il m’a redonné la force, l’espoir et le goût à la vie fraternelle suite à l’accompagnement de la sœur Lydia.

 

A l’occasion, mon époux et moi avions découvert la fraternité et nous l’avons intégrée avec joie. Cette joie ne cesse de grandir avec les rencontres et surtout avec l’engagement.

Merci à Dieu tout puissant.

Qu’il comble la vie des sœurs du Cénacle.

Michèle

J’ai rencontré les sœurs Laurence et Simone à Zinvié (Bénin) chez les sœurs Clarisse, auprès de qui j’étais venue faire une retraite de 3 jours en février 2019.

Le dimanche au cours de la messe, le prêtre les avait publiquement remerciées pour le travail d’accompagnement qu’elles ont accompli auprès des novices de la communauté. À la sortie, je me dépêche de les rattraper pour en savoir plus sur l’accompagnement et j’ai ainsi reçu les prospectus du Cénacle de Vogan.

Quelques mois plus tard j’ai programmé ma 1ere retraite au Cénacle et j’ai aimé l’accompagnement. Chaque année, je viens au Cénacle pour diverses retraites et j’en sors toujours plus vivifiée à vivre la spiritualité ignatienne.

J’ai découvert le programme de formation FAS (Formation à l’accompagnement spirituel) et m’y suis inscrite, tout en suivant le programme d’Initiation Théologique et Pastorale de Cotonou. J’y ai rencontré Narcisse qui y était déjà un an plus tôt. Lors d’une retraite de 8 jours à Vogan, je croise encore Narcisse et l’idée de faire quelque chose à Cotonou commence à faire son chemin en moi. J’ai appelé Narcisse et lui fit part de mon idée. Il m’informe alors que l’idée est déjà en cours de réalisation avec des amis qui avaient déjà fait le cheminement et qui souhaitent une continuité des fruits de ce cheminement. C’est ainsi que commence une série de rencontres, souvent à Vogan ou à l’EITP et après auprès des membres de la Fraternité naissante. J’ai été émerveillée de découvrir des personnes qui partageaient les mêmes valeurs de partage et j’ai décidé de m’engager encore plus pour vivre les valeurs du Cénacle. Cet engagement a été concrétisé à la Pentecôte 2024. Merci Seigneur pour tes merveilles.

Acte d'offrande

Seigneur Jésus, je m’unis à votre sacrifice, perpétuel, incessant, universel. Je m’offre à vous pour tous les jours de ma vie et pour chaque instant du jour, selon votre très sainte et très adorable volonté.

Vous avez été la victime de mon salut, je veux être la victime de votre amour.

Agréez mon désir, acceptez mon offrande, exaucez ma prière : que je vive d’amour, que je meure d’amour et que le dernier soupir de mon cœur soit un acte du plus parfait amour.

Ainsi soit-il

Bonté

J’ai eu il y a quelques jours une vue qui m’a bien consolée.

C’était pendant mon action de grâce que je fis quelques réflexions sur la bonté de Dieu, et comment ne pas y penser dans ces moments-là, à cette bonté infinie, bonté incréée, source de toutes les bontés ! et sans laquelle il n’y aurait aucune bonté ni dans les hommes, ni dans les autres créatures… J’étais extrêmement touchée de ces réflexions, lorsque je vis écrit comme en lettres d’or ce mot Bonté que je répétais depuis longtemps avec une indicible douceur. Je le vis, dis-je, écrit sur toutes les créatures animées et inanimées, raisonnables ou non, toutes portaient ce nom de bonté, je le voyais même sur la chaise qui me servait de prie-Dieu. Je compris alors que tout ce que ces créatures ont de bon et tous les services et les secours que nous recevons de chacune d’elles est un bienfait que nous devons à la bonté de notre Dieu, qui leur a communiqué quelque chose de sa bonté infinie, afin que nous la rencontrions en tout et partout.

Mais tout ce que je vous dis là n’est rien ; si je pouvais vous dire quelque chose de ce que j’ai éprouvé dans ce moment-là, à la bonne heure, mais impossible de le rendre, ce qui est Divin ne se rend pas. Seulement, je ne m’étonne plus que les saints fussent ravis à la vue de cette bonté que tant d’âmes connaissent si peu ; cette impression m’a duré plusieurs jours pendant lesquels je ne pouvais prendre de goût à rien qu’à ce que j’avais vu et éprouvé.

 

Lettre de Mère Thérèse Couderc à Mère de Larochenégly, Supérieure générale, 10 août 1866 (extrait)

Se livrer

Dimanche 26 juin [1864]
« Déjà plusieurs fois Notre-Seigneur m’avait fait connaître combien il était utile pour l’avancement d’une âme qui désire sa perfection de se livrer sans réserve à la conduite de l’Esprit Saint. Mais ce matin il a plu à sa divine Bonté de m’en donner encore une vue toute particulière. Je me disposais à commencer ma méditation lorsque j’ai entendu le son de différentes cloches qui appelaient les fidèles à l’assistance aux divins Mystères. Dans ce moment, j’ai désiré m’unir à toutes les messes qui se disaient et ai pour cela dirigé mon intention afin d’y participer. Alors, j’ai vu d’une vue générale, tout l’univers catholique et une multitude d’autels où s’immolait en même temps l’adorable Victime. Le sang de l’Agneau sans tache coulait en abondance sur chacun de ces autels qui m’apparaissaient environnés d’une fumée fort légère qui s’élevait vers le ciel. Mon âme était saisie et pénétrée d’un sentiment d’amour et de reconnaissance à la vue de cette satisfaction si abondante que Notre-Seigneur offrait pour nous. Mais j’étais aussi dans un grand étonnement de ce que le monde entier n’en était pas sanctifié. Je demandai comment il se faisait que le sacrifice de la Croix n’ayant été offert qu’une seule fois ait été suffisant pour racheter toutes les âmes, et que, renouvelé tant de fois, il ne suffit pas à les sanctifier toutes. Voici la réponse que j’ai cru entendre : Le sacrifice est sans doute suffisant par lui-même, et le sang de Jésus-Christ plus que suffisant pour la sanctification d’un million de mondes, mais les âmes manquent de correspondance et de générosité. Or, le grand moyen d’entrer dans la voie de la perfection et de la sainteté, c’est de se livrer à notre bon Dieu.

Mais qu’est-ce que “se livrer” ? Je comprends toute l’étendue du sens de ce mot : se livrer, mais je ne puis l’expliquer.
Je sais seulement qu’il est très étendu, qu’il embrasse le présent et l’avenir.

Se livrer, c’est plus que se dévouer, c’est plus que se donner, c’est même quelque chose de plus que s’abandonner à Dieu.
Se livrer enfin, c’est mourir à tout et à soi-même, ne plus s’occuper du moi que pour le tenir toujours tourné vers Dieu.
Se livrer, c’est encore ne plus se chercher en rien, ni pour le spirituel, ni pour le temporel, c’est-à-dire ne plus chercher de satisfaction propre mais uniquement le bon plaisir divin.

Il faut ajouter que se livrer, c’est aussi cet esprit de détachement qui ne tient à rien, ni pour les personnes, ni pour les choses, ni pour le temps, ni pour les lieux. C’est adhérer à tout, accepter tout, se soumettre à tout.
Mais on va croire peut-être que cela est bien difficile à faire. Qu’on se détrompe, il n’y a rien de si facile à faire et rien de si doux à pratiquer. Le tout consiste à faire une seule fois un acte généreux, en disant avec toute la sincérité de son âme : “Mon Dieu, je veux être tout à vous, daignez accepter mon offrande.” Et tout est dit. Avoir soin désormais de se tenir dans cette disposition d’âme et ne reculer devant aucun des petits sacrifices qui peuvent servir à notre avancement dans la vertu. Se rappeler que l’on s’est livré.

Je prie Notre-Seigneur de donner l’intelligence de ce mot à toutes les âmes désireuses de lui plaire, et de leur inspirer un moyen de sanctification si facile. Oh ! si l’on pouvait comprendre à l’avance quelles sont les douceurs et la paix que l’on goûte quand on ne met pas de réserve avec le Bon Dieu ! Comme il se communique à l’âme qui le cherche sincèrement et qui a su se livrer. Que l’on en fasse l’expérience et l’on verra que c’est là où se trouve le vrai bonheur que l’on cherche en vain sans cela.

L’âme livrée a trouvé le paradis sur la terre, puisqu’elle y jouit de cette douce paix qui fait en partie le bonheur des élus. »