Cette œuvre du Grão Vasco fait écho au texte de Mère Jeanne Corneau, Supérieure générale de la Congrégation de 1938 à 1955. Les apôtres, hommes et femmes, se trouvent dans une architecture structurée figurant la Chambre Haute. Ils sont surpris par l’effusion de l’Esprit Saint alors qu’ils ne sont qu’un, autour de Marie, mère de Jésus. On les voit alors qu’ils étaient plongés dans la prière et l’étude de la Parole, dans une retraite spirituelle.
Retable de Vasco Fernandes dit « Grão Vasco », Pentecôte, huile sur bois, 166,5x165 cm, 1534, monastère de la Sainte-Croix de Coïmbre (©Wikimedia Commons)
Les mystères mêmes que nous sommes appelées à honorer, à continuer dans l’Église, les « mystères qui se sont accomplis au Cénacle » (Plan Général 3[1]) font de ce lieu béni le lieu de l’amour où « Jésus a laissé le testament de son Cœur, l’Eucharistie, sa Mère et la charité » (Mgr Ratti[2]).
a) Au Cénacle, l’institution de l’Eucharistie : « IN FINEM DILEXIT » (Jn 13, 1, « il les aima jusqu’au bout ») et du Sacerdoce ; le sacrement de l’amour et sa perpétuité.
b) Au Cénacle, le « MANDATUM NOVUM » (le commandement nouveau), le commandement de nous aimer les uns les autres
comme le Christ nous a aimés;
– « nouveau », parce que l’esprit de la loi nouvelle est amour,
– « nouveau » parce que la foi nous découvre qui nous aimons dans le prochain : Dieu lui-même (voir Luc 10),
– « nouveau », parce que la mesure d’aimer, c’est d’aimer aux dimensions divines, à la largeur, à la longueur, à la profondeur, la hauteur du Cœur du Christ (voir Eph. 4, 19).
c) Au Cénacle, la prière sacerdotale « UNUM SINT » (Jn 17, 21, « Que tous soient un »).
d) Au Cénacle, la promesse, l’attente, l’effusion de l’Esprit Saint, amour substantiel du Père et du Fils, sur les Apôtres et les disciples réunis dans la Chambre Haute, ce « foyer » d’où rayonnera l’amour jusqu’aux extrémités du monde.
e) Au Cénacle, la première retraite avec la Très Sainte Vierge, « MATER PULCHRÆ DILECTIONIS » (Eccli. 24, 24[3]
– Mère du Christ total – conservant dans son Cœur immaculé les paroles du Verbe de vie et veillant sur 1’Église naissante, « la couvant », la gardant, « unanime », « une », dans sa prière et son amour (voir Actes des Apôtres 1). Et un mot divin résume dans le mystère du Cénacle l’intervention des trois Personnes de la Sainte Trinité : « Moi je vais envoyer sur vous le Don promis par mon Père » (Luc 24, 49).
Au Cénacle tout est pour l’amour, par l’amour et dans l’amour ; c’est l’oasis aux sept fontaines des sacrements, sources de grâce et de fécondité pour l’Église « USQUE AD CONSUMMATIONEM SÆCULI » (« jusqu’à la fin du monde »).
Il faut le dire, il faut le répéter, ce mystère du Cénacle est l’un des plus profonds, l’un des plus riches, et cependant, à cause même de son caractère mystérieux, l’un des moins explorés. C’est notre mystère à nous, l’appel à l’intimité, à la « familiarité avec Dieu » (Règle des professes perpétuelles 4).
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Sr Jeanne Corneau r.c.
Lettre aux religieuses de la Congrégation sur le thème de la Charité, 1946-1947 (livret p. 38-41).