Devant un tableau (Maître inconnu de Westfale, vers 1380) : Marie et les apôtres = gerbe eucharistique liée, embrasée par l'Esprit, promesse de moisson à venir...
La Pâque de nuit
La Pâque du jour
Ont rendez-vous en cet instant d’un suspense souverain.
Le Buisson de flammes qui Te nomma jadis
brûle encore et détermine un lieu essentiel
Pivot d’intensité de cette compacité des formes.
Tout converge et rayonne.
Ce carrefour de forces
est propagation de Ta vie
dans l’ocre et le vert, argile et feuillage.
La terre a son moyeu
de frémissement tenu, diffusif, et stabilisateur
Toi à portée de nos mains, de nos lèvres.
Ton pain irrigue l’absence
Et fonde nos mémoires
en annonce de Toi.
Des mains espèrent
Des visages silencieux,
et graves d’exister pour Quelqu’un
s’ouvrent à la semence de leur accomplissement.
Fruit livré à notre faim et à notre soif
Ton pain a goût de vie humaine
et divine.
Ton Esprit
n’a d’autre issue encore
Que d’ouvrir une brèche
Et de con-spirer avec Marie
pour ce corps
Et cet autre corps
que, de nous,
Tu fais pour cet âge.
L’Amour alors
peut faire son œuvre :
nous re-joindre
Et rassembler ce que nous
pourrions désaccorder.
Nous demeurons
en mal de Ton corps
à faire devenir.
Viens faire de nous-mêmes
gerbe, meule,
liées par l’intérieur.
Et rien n’existe
hormis le Corps…
Ghislaine Côté r.c.
Le Cénacle – fondements christologiques et spiritualité, Paris, Beauchesne, p. 418-419
NB : le titre n’est pas de l’auteur.
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