Évangiles de Rabbula (manuscrit syriaque enluminé du 6ème siècle), Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, cod. Plut. I, 56, fol. 14v
Dans l’Église orientale, l’Esprit est souvent présenté comme le féminin en Dieu, planant au-dessus de l’œuf du monde avec ses ailes accueillantes, qui donne ainsi naissance au monde.
L’Esprit est de même le principe de la seconde création, comme s’il réalisait à nouveau le plan du Père d’une manière maternelle. L’Esprit prend sous son ombre Marie lors de la conception de Jésus (cf. Lc 1, 35) ; l’Esprit est là lors du baptême de Jésus, l’identifiant comme Fils bien-aimé, Messie (cf. Lc 3, 21-22 ; Jn 1, 32ss ; Mt 3, 13-17) ; c’est l’Esprit qui pousse Jésus à exercer son ministère (cf. Lc 4, 14) ; l’Esprit est là lorsque, dans l’expérience de la résurrection, Jésus devient Seigneur ressuscité par la puissance de l’Esprit (cf. Rm 1, 4 ; Ac 13, 33).
Dans l’histoire, c’est toujours l’Esprit qui exerce ce ministère de « donner l’identité », qui prend finalement une forme définitive dans l’Église.
En raison de l’effusion de l’Esprit Saint sur les premiers croyants réunis avec Marie au Cénacle, dans l’attente de l’accomplissement de la promesse de Jésus, ils sont constitués en « Église ». Une identité totalement nouvelle est rendue possible. Elle est à la fois personnelle et profondément intérieure, mais aussi relationnelle et apostolique (cf. Ac 1, 4-5, 8, 12-14 ; Ac 2ss).
L’Esprit est toujours conscient de la nécessité pour l’Église d’être nourrie et alimentée. Sous l’influence de l’Esprit, des familles religieuses se sont formées, que « l’Église accueillit volontiers et approuva[1] ».
Poussés dans cette voie par la charité que l’Esprit Saint a répandue dans leurs cœurs (cf. Rm 5, 5), ils vivent toujours davantage pour le Christ et pour son Corps qui est l’Église (cf. Col 1, 24). C’est pourquoi, plus fervente est leur union au Christ par cette donation d’eux-mêmes qui embrasse toute leur existence, plus riche devient la vie de l’Église et plus fécond son apostolat[2].
Nous avons déjà noté l’effusion mystérieuse de l’Esprit Saint sur les hommes et les femmes réunis autour de Marie. Le grec de Luc nous dit qu’il ne s’agissait pas d’une simple assemblée de personnes réunies dans le faible espoir que « quelque chose se produise ». Les mots de Luc se traduisent par « attendre, persévérer dans la prière », signifiant littéralement « plongés dans la prière ». Il y a déjà une vigueur, une réceptivité active dans la manière même dont l’Esprit est attendu dans cette assemblée. Il ne s’agit pas d’un rassemblement d’individus isolés, mais d’hommes et de femmes connus comme ceux qui avaient été « avec Jésus » (cf. Lc 8, 1-3 ; Jn 19, 25 ; Mt 26, 69).
Sr Anne Powell rc
extrait de “The Image of the Cenacle in the Spirituality of the Congregation of Our Lady of the Retreat in the Cenacle”, Rome, Institut de Spiritualité, Université grégorienne, 1984
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