C’est ce que cette peinture a voulu représenter. On y voit les apôtres autour de Marie enfermés au Cénacle. Ils y faisaient mémoire de Jésus dans l’attente de Son Esprit. Alors qu’ils regardent vers le ciel, voilà que l’Esprit Saint descend sur eux sous forme d’une colombe et de langues de feu. Aussitôt, emplis de cette force, certains se mettent déjà en route pour aller annoncer l’Évangile.
La Pentecôte, huile sur bois, 2×2 m, peinture réalisée par la Communauté du Cénacle de Laxou, exposée actuellement au Cénacle de Versailles
Un lieu d’étape dans la vie spirituelle
À l’image « cénacle » sont inhérents les symboles de la demeure, du lieu de rencontre, du centre qui est foyer et passage. Le Christ du temps du Cénacle est présenté comme en transit, en pâque, et l’homme est convié à se mettre en route avec lui […].
La créativité de Thérèse Couderc a été de conjuguer la retraite au pèlerinage. Elle ouvrait ainsi pour toute la suite de notre histoire la circularité de nos moyens apostoliques : retraite, éducation de la foi et toutes les autres formes de ministère spirituel qui sont tous au service d’une expérience de Dieu et de son Christ. Entendons par là, l’expérience au sens le plus vaste et le plus exact : connaissance – co-naissance ! – acquise par le voyage. Ne peut la faire que celui qui se met en route.
Le cénacle lui-même est dans sa vérité profonde gîte d’étape ; la chambre haute est demeure de passage et demeure pour un passage : « jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’en haut ». Et nous sommes nées sur la route des pèlerins de La Louvesc ! Nous sommes nées pour accompagner des pèlerins. Le Cénacle – ce pourra être souvent la maison, ce sera toujours une communauté du Cénacle – est bien un lacis de migrations, de tournants, d’étonnements, de ferveurs, parfois de kilomètres. Il est une étape sur la route d’un plus grand désir et de la demeure de Celui qui s’est dit Chemin.
Un lieu d’envoi en mission au service de nos contemporains
Mouvement, passage, pâque caractérisent le Christ du Règne et ceux qu’il appelle « avec lui » : « celui qui voudra venir avec moi doit peiner avec moi, afin que me suivant dans la peine, il me suive aussi dans la gloire » (Ex. Spi. 95). Ne le connaît et ne le révèle que celui qui, demeurant avec-lui, se laisse envoyer avec-lui à tout l’univers, cherchant « à aider tous les hommes » à trouver la vraie vie et leur vérité dans l’humilité (Ex. Spi. 146).
Il nous est impossible, si nous voulons suivre Jésus-Christ, de ne pas, comme Lui, « passer vers » l’homme en même temps que vers le Père.
« Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père… aima les siens jusqu’à l’extrême » (Jn 13, 1). Il passe à Dieu en passant à l’homme. « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit-Saint qui descendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux confins de la terre. À ces mots, sous leurs yeux, il s’éleva puis une nuée vint le soustraire à leurs regards » (Ac 1, 8-9). Il passe à l’homme en passant à Dieu. Par le mystère du Cénacle, nous sommes entraînées là où il demeure. Dans cette double et unique « conversion » à l’homme et à Dieu, le Christ n’invite pas à un arrêt mais à ce pèlerinage essentiel. Nous n’avons pas d’autre lieu que Lui qui n’a pas d’autre lieu que ce passage. Alors, tout de nos vies, de notre histoire, de ce monde peut devenir « le lieu où se révèle le visage du Christ à contempler, son amour à recevoir et à donner » (Const. 25).
Le rassemblement des hommes et des femmes de la chambre haute existe pour le rassemblement des forces de chacun totalement ordonné à une mise en œuvre, à une mise en marche de son entrée dans la passion du Christ pour un monde réussi, pour des hommes selon son cœur. Ce rassemblement nous relance sur les routes de l’homme.
Ghislaine Côté r.c., Le Cénacle – fondements christologiques et spiritualité, Paris, Beauchesne, p. 390-393.