Le Cénacle, modèle synodal de l’Église

dans les Actes des Apôtres
“À leur arrivée, ils montèrent dans la chambre haute où ils se tenaient habituellement ; […] Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères.”
Ac 1, 13-14

Le Cénacle, lieu où la première assemblée des apôtres s’est réunie avec Marie et les femmes après l’Ascension du Christ ressuscité, est considéré comme le lieu de naissance de l’Église. Il nous donne également un paradigme de l’Église en tant que Corps du Christ, nous donnant une compréhension renouvelée de ce que c’est que d’être le Peuple de Dieu dans le monde d’aujourd’hui, une Église synodale.

Le mystère du Cénacle est à la fois un lieu symbolique et un espace théologique, qui révèle sa signification ecclésiologique et la place qu’y occupe la synodalité. C’est dans cette foi active et réceptive en Jésus-Christ, crucifié et ressuscité, que le mystère du Cénacle prend corps.

 

Le Cénacle : un lieu symbolique

.La richesse des significations attachées au terme « cénacle », en latin et en grec (cenaculum et kataluma), le désigne non seulement comme une salle pour les repas, mais aussi comme un lieu de rassemblement important des disciples à des moments clés de leur histoire avec Jésus (Côté, p. 32). Il est également compris comme un gîte d’étape, un lieu de repos où l’on s’arrête au cours d’un voyage, un lieu de récupération, ainsi qu’un lieu d’intériorité (Côté, p. 33). Le terme Cénacle revêt ainsi la symbolique d’un lieu d’habitation, rappelant le premier Cénacle et les événements qui en ont fait un lieu de rencontre de Dieu avec le peuple de Dieu (Côté, p. 33).

 

Le Cénacle : un espace théologique dans une Église synodale

.Le mot « espace » recèle des significations existentielles, symboliques et métaphoriques. Les réflexions théologiques sur l’espace et le lieu constituent un défi profond et une nécessité urgente pour la théologie de prendre conscience non seulement de son ancrage dans la spatialité existentielle de la vie, mais aussi dans les domaines symboliques et spirituels de la vie. Les espaces théologiques peuvent être à la fois physiques et métaphoriques, fournissant un cadre pour la croissance spirituelle, la construction de la communauté et l’approfondissement de la compréhension religieuse..

L’Église catholique fait aujourd’hui l’expérience d’une avancée vers un stade plus complet de compréhension d’elle-même et d’appropriation d’elle-même en tant que Corps du Christ, connu sous le nom de « synodalité » (Roper, ACR 95:412). Selon la Commission théologique internationale, le sens plus large de la synodalité contient trois métaphores ou éléments clés : le cheminement, la créativité et la responsabilité, indiquant le chemin sur lequel les fidèles marchent ensemble en tant que disciples de Jésus dans leur cheminement continu comme Peuple de Dieu.

 

Perspectives théologiques à partir de l'expérience du Cénacle

..En adaptant le concept de « troisième espace »[1], terme socioculturel désignant un espace communautaire, le Cénacle, en tant que « troisième espace », devient une sphère ou un forum où les individus peuvent faire l’expérience d’un sens transformateur du soi, de l’identité, des relations, de l’appartenance et de la foi partagée. Pour Marie, les femmes et les apôtres réunis lors de la première assemblée, le cénacle est devenu comme leur « troisième espace ». En réfléchissant au mystère du Cénacle en tant que troisième espace, nous évoquons les idées théologiques suivantes.

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1. L’accouchement : un commencement

Le symbolisme de l’accouchement ne doit pas être négligé, car il nous permet de mieux comprendre le nouveau corps du Christ, l’Église. L’expérience de l’accouchement n’est pas seulement une métaphore puissante d’un commencement, c’est aussi un rappel que la croissance et la transformation s’accompagnent souvent de douleur et de lutte, et même d’une confrontation avec la mort. Jésus, dans ses derniers discours dans l’évangile de Jean, fait référence à cette métaphore lorsqu’il dit : « La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde » (Jn 16,21). Il était important que Marie et les femmes soient présentes à la naissance de l’Église, car elles en avaient une meilleure compréhension grâce à leur expérience de l’accouchement et de ce que signifie donner naissance à une nouvelle vie. Plus important encore, Marie est présente au Cénacle, toujours dans l’attente du Seigneur, une attitude de réponse-responsabilité active qui donne naissance à la fois au possible et à l’impossible. « Le Cénacle est son lieu parce qu’il y a encore un corps à mettre au monde grâce à l’Esprit » (Côté, p. 79).

 

2. La mémoire comme moyen d’être solidaire

L’importance de la mémoire dans la compréhension de la foi et dans l’expérience chrétienne apparaît maintenant clairement. Disposer d’une mémoire, c’est avoir un lieu où s’enraciner, un lieu à partir duquel on peut guérir et grandir, une base d’où viennent la cohérence et la compréhension. La nature constructive de la mémoire, par laquelle les éléments d’une expérience antérieure sont reconstitués pendant le souvenir, soutient également l’imagination, par laquelle des éléments d’expériences antérieures disparates sont tissés ensemble de façons nouvelles (Schacter, et. al, 2012, Neuron 76, 677-694). Les personnes réunies au Cénacle étaient occupées à se souvenir de leur expérience de Jésus, Marie leur apportant des souvenirs et des informations vitales sur Jésus, de son incarnation à sa passion, sa mort et sa résurrection. Ce processus les a aidés à affronter leurs peurs et à faire l’expérience de la solidarité, malgré leur vulnérabilité, pour devenir un seul corps.

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3. Être « d’un seul cœur »

L’expression « d’un seul cœur » fait référence au lien d’amour chrétien qui unissait tous ceux qui étaient réunis en une seule communauté. Dans le langage humain primitif, le cœur désignait l’ensemble de la personne, corps et âme et signifiait son centre le plus intime. Toutes les facultés humaines trouvent leur harmonie et leur unité dans le cœur.

Méditer des pensées et des paroles dans son cœur, comme l’a fait Marie (Lc 1,66 ; 2,19), signifie valoriser l’expérience au plus profond de soi, avec une conscience profonde des différents mouvements de sa personne qui suscitent une réponse de foi. Il y a donc un parallélisme évident entre la naissance de Jésus, Marie ayant conçu Jésus alors qu’elle était en prière, et la naissance de l’Église, alors que les disciples, d’un même cœur, étaient unis à Marie dans la prière assidue.

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4. Prier, écouter et discerner : « … tous étaient assidus à la prière … »

Par la prière, la contemplation et le partage de la foi, l’Esprit de Dieu nous permet de sentir avec Dieu et de partager son état d’esprit, ses valeurs, ses sentiments et ses émotions. Notre capacité à voir de la perspective de Dieu nous permet de voir les événements de notre temps comme Dieu les voit et de ressentir la même chose que Dieu à propos de ces événements.

Pour discerner individuellement ou comme corps, la prière éveille en nous la capacité d’identifier les esprits qui nous habitent à un moment donné de notre vie ou de notre histoire. Ces divers mouvements du cœur sont passés au crible afin d’en connaître l’origine et la direction : sont-ils de Dieu, menant à Dieu, ou de l’esprit adverse, menant loin de Dieu ?

Il est intéressant de noter que l’artiste français contemporain connu sous le nom d’Arcabas représente Marie – dans nombre de ses tableaux sur la scène de la Pentecôte – avec un livre ouvert, soit qu’elle le tienne, soit qu’il soit placé à côté d’elle ou à ses pieds. Pour lui, le livre ouvert symbolise Jésus, la Parole de Dieu, et Marie, constamment connectée au « Livre », discerne constamment l’Esprit. Arcabas a également veillé à ce que ses peintures de la Pentecôte présentent des femmes et des personnes de différentes races pour symboliser l’inclusivité et l’universalité de l’Église.

Pentecôte, par Arcabas de son vrai nom Jean-Marie Pirot (26 décembre 1926 – 23 août 2018). La peinture ci-dessus a été installée en 2005 au Cénacle de Lyon, en France.

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5. Être en communion et en mission

Le concept de communion (koinonia) exprime le mystère central de l’Église, car il témoigne d’une communauté qui vit à travers le partage des dons et des charismes inspirés par l’Esprit comme expression du plan de salut de Dieu pour la communauté universelle (Markey, 22). La première assemblée réunie au Cénacle a été convoquée par l’Esprit en vue de la mission. La communion et la mission se complètent l’une l’autre dans notre voyage missionnaire. La synodalité doit donc être interprétée plus complètement en termes de communion, comme une manière de cheminer ensemble en tant que communauté de foi sur la voie de la mission. « Cette compréhension de la vie ecclésiale est une métaphore clé pour le paradigme de la synodalité et fournit les nombreux aspects du voyage qui conviennent à la vie chrétienne en communauté : planifier, rêver, faire ses bagages, s’inquiéter, marcher, converser, écouter, observer » (Roper, p. 416).

 

Marie et les femmes dans le modèle synodal de l'Église

Le modèle synodal de l’assemblée du Cénacle doit faire l’objet d’une compréhension renouvelée. Dans la formation d’une Église synodale, Marie et les femmes ont joué des rôles significatifs de diverses manières, même si de façon limitée. Au Cénacle, les rôles de Marie et des femmes dans l’espace synodal de l’Église naissante peuvent être décrits comme suit :

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1) En tant que témoins des enseignements du Christ : Marie et les autres femmes qui ont suivi Jésus pendant son ministère ont été témoins de ses enseignements, de ses miracles et de sa résurrection.

2) Comme dans la culture de l’époque, les femmes ont également joué un rôle de soutien lors des rassemblements synodaux : elles ont offert l’hospitalité, un soutien logistique et ont contribué au bien-être général des membres de la communauté lors de ces rassemblements.

3) Elles n’étaient pas des observatrices passives, mais des participantes actives dans l’Église : Elles faisaient partie du groupe élargi qui se réunissait pour prier et discerner l’orientation de l’Église, en particulier après l’ascension de Jésus.

4) Elles sont devenues des symboles de la vie de disciple et de la dévotion : la foi et l’engagement inébranlables de Marie à l’égard du Christ ont servi de modèles de disciple et de dévotion pour les premiers chrétiens.

5) Elles ont témoigné de leur leadership et de leur foi : certaines femmes de l’Église primitive, comme Phoebé, Priscille, Junie et Lydie, ont été reconnues pour leur leadership et leurs contributions à la communauté chrétienne, parfois aux côtés de leurs maris, comme dans le cas de Priscille et Junie, en enseignant, en encadrant et en soutenant d’autres personnes dans leur cheminement de foi.

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Lors de la conclusion de la première session du Synode des évêques, le pape François a commenté son rêve d’une Église synodale : « telle est, frères et sœurs, l’Église dont nous sommes appelés à rêver : une Église au service de tous, au service des derniers. Une Église qui […] accueille, sert, aime, pardonne. Une Église aux portes ouvertes qui soit un port de miséricorde » (29 oct. 2023).

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Conclusion

Nous savons qu’il reste encore beaucoup à faire pour réaliser plus pleinement le rêve d’une Église synodale selon le plan de l’Esprit Saint. Les rêves se réalisent avec le temps, même si parfois de façon inattendue. La synodalité nous donne l’espoir qu’en nous réappropriant l’importante contribution contre-culturelle de Marie et des femmes de l’Église primitive, nous pouvons jouer notre rôle dans nos propres lieux et espaces de mission.

Le Cénacle, espace synodal lors de la fondation de la première communauté chrétienne, peut être comparé au « troisième espace » d’aujourd’hui, où il est possible d’écouter les voix des uns et des autres pour mieux comprendre les différentes perspectives mises en lumière par une communauté de foi. C’est un espace de naissance, d’écoute, de prière et de discernement. C’est un espace de communion et de mission comme dans le premier Cénacle.

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Judette Gallares, rc

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Cet article est un résumé d’une intervention de Sr Judette : “Mary and the Women in the Synodal Model of Church in Acts”, 28 juin 2024, EWA XI: Ecclesia of Women as Synodal Third Space, 26-30 juin 2024, Vila São José, Macau (Chine)

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BIBLIOGRAPHIE.

Côté, Ghislaine, RC. Le Cénacle. Fondements christologiques et spiritualité, Paris, Beauchesne, 1991.

Commission théologique internationale, « La synodalité dans la vie et dans la mission de l’Église »

Markey, John, OP. Creating Communion: The Theology of the Constitution of the Church. New York: New City Press, 2003..

« Pour une Église synodale : Communion, Participation et Mission. Vademecum pour le Synode sur la Synodalité », sept. 2021

Roper, Elissa. “Synodality: A Process Committed to Transformation.” The Australasian Catholic Record, Vol. 95, No.4 (2018)..

Schacter D. L., Addis D. R., Hassabis D., Martin V. C., Spreng R. N., Szpunar K. K. “The future of memory: remembering, imagining, and the brain.” Neuron 76 (2012): 677–694.

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  1. Le « premier espace » est la maison ou la communauté religieuse pour les religieux, le « deuxième espace » est le lieu de travail.

« Le Seigneur a fait pour moi des merveilles »

Sr Rufine

L’expérience internationale a ouvert mon cœur et mon esprit à vivre la diversité et l’interculturalité. Cette expérience est un cadeau de Dieu pour moi afin que je puisse goûter profondément la richesse culturelle. Je suis restée 11 jours à Rome, le temps s’est passé très vite. J’ai vécu cette expérience avec liberté et j’ai découvert que Rome est riche de l’histoire chrétienne comme celle de Pierre et Paul, des martyrs, de Saint Ignace, ainsi que des différents monuments romains.

Quand je suis entrée au Vatican, dans la basilique Saint-Pierre, j’ai vu de nombreux autels et chaque autel avait une messe ; cela me rappelle le « se livrer » de sainte Thérèse Couderc : elle a entendu le son de la cloche et a vu plusieurs autels où le sang de l’agneau coulait sur chaque autel. J’ai aussi participé à la messe dans la chapelle où on voit clairement le trône de Saint-Pierre. J’ai vécu cela avec une grande joie intérieure et une foi profonde. Tout cela me pousse à rendre grâce à Dieu.

Aux Trois Fontaines où Saint Paul a été martyrisé, la tête de Saint Paul a rebondi trois fois sur le sol. Ce Saint a beaucoup souffert mais n’a pas eu peur, il était prêt à mourir dans la foi. Je suis très touchée par cette attitude de Saint Paul et cela m’a fait penser qu’il y a de la souffrance à endurer dans la vie et après la souffrance, c’est la vraie vie. Le martyr Saint Paul m’a aidé à m’attacher au Christ et a renforcé ma foi.

En ce qui concerne saint Ignace de Loyola, j’ai visité sa chambre, l’endroit où il a écrit les Exercices Spirituels. Ce qui m’a beaucoup touché, c’est que sa chambre est très étroite, simple, ce qui signifie qu’en le voyant, je me suis dit que c’est un signe de sa sincérité de vie et de son détachement total des richesses terrestres. Pour toutes ces découvertes, je ne cesse pas de rendre grâce à Dieu qui m’a montré ses merveilles.

À Versailles, j’ai vécu avec la communauté durant 1 mois. Cela est un don de Dieu. Ce qui m’a touché c’est qu’il y a beaucoup de types d’animation spirituelle dans ce Centre. Je suis très heureuse parce que la communauté m’a permis d’assister à quelques animations comme celle de « goûter et partager la parole de Dieu », « Matinée Spirituelle », « Week-end spirituel » et « lectio Divina ». Dans tout cela, j’ai ouvert mon cœur, mon âme et mon esprit pour accueillir des fruits.

L’organisation communautaire qui donne place à la prière ensemble a ancré mon cœur dans le Christ ; le partage profond avec foi et confiance de chacune pendant la prière partagée tout le dimanche m’a permis de vivre l’expérience de la communauté des disciples avec Jésus. J’ai participé aussi à la vie courante. J’ai reçu beaucoup de choses qui m’aident à vivre ma vocation dans la vie à Versailles.

À Lyon, lieu historique de notre Congrégation, j’ai reçu beaucoup de grâce. Ce qui m’a touchée c’est la chambre de Sainte Thérèse Couderc qui m’a fait comprendre son humilité, son silence, son « se livrer », sa simplicité. Dans sa chambre j’ai vu les objets qu’elle a utilisé : aiguille, ciseau, linge, bout de papier avec des paroles de Dieu … je suis convaincue que c’est dans la vie quotidienne qu’on trouve la vraie vie, le vrai bonheur qui donnent la vie éternelle.

A Lalouvesc, quand je suis entrée à la basilique Saint Régis, je sens que le corps de Mère Thérèse accueille toutes les personnes qui viennent dans cette basilique. Je suis touchée quand j’ai vu la Bonté sur le visage de sainte Thérèse Couderc, son amour infini, sa simplicité, son cœur grand comme le monde…

J’ai confirmé mon offrande avec Mère Thérèse à Notre Dame D’Ay.

C’est un cadeau aussi que j’ai pu visiter la maison natale de Mère Thérèse au Mas. J’ai pu y rester quelques jours. C’est un miracle pour moi que cette maison est encore là. J’ai pu imaginer les qualités de la famille de Mère Thérèse : sociable, chrétienne et solidaire.

Je te rends grâce mon Dieu de m’avoir appelée et choisie. Je suis également reconnaissante à toute la Congrégation qui m’a permis de vivre cette expérience,

J’ai reçu beaucoup de merveilles qui marquent ma vie.

À la basilique Saint Paul à Rome

Je garde beaucoup de choses sur la vie de Mère Thérèse, mais je veux dire tout simplement que mon contact avec elle ravive en moi le désir de vivre davantage la simplicité de notre fondatrice et de son amour de prière. Que cela m’aide à aimer chacune de mes sœurs quelques soient leur limite, à aimer également toutes personnes, spécialement celles que je rencontre dans la mission que la Congrégation me confie.

Mon expérience interculturelle

Sr Lucie

La première chose qui m’a frappé c’est l’accueil chaleureux des sœurs, avec tous les gestes d’amour exprimé partout même dans la chambre. Cela m’a donné beaucoup de joies.

Cette expérience m’a fait sentir que je suis précieuse aux yeux de Dieu et que je dois toujours être heureuse de la grâce qu’il me donne chaque jour.

A Rome, ma visite des tombeaux des martyrs m’a touché. J’étais spécialement frappée par l’histoire de Pierre.  J’ai senti que Pierre était une personne simple qui n’avait pas beaucoup de connaissances intellectuelles, mais il est devenu Saint. Je suis convaincue que je ne dois pas attendre pour devenir un grand expert pour pouvoir faire ma mission. C’est ma capacité d’utiliser ce que Dieu me donne qui est la plus importante.

En France, les moments les plus forts pour moi ce sont nos jours à Lalouvesc, là où j’ai vu directement la corp de Mère Thérèse dans la basilique de Saint Jean François Régis. J’étais également très heureuse de découvrir l’ancienne place de la châsse dans notre maison source. Les nombreux souvenirs laissés par Mère Thérèse et Père Terme, François Régis sont précieux pour moi. Les objets spirituels m’ont fait comprendre leur manière d’aider les autres et leur bon esprit en aimant tout le monde.

J’étais touchée par le lien entre St François Régis et Mère Thérèse. J’ai trouvé de bons souvenir de Mère Thérèse dans le Musé de Saint François Régis.

À la basilique Saint Paul à Rome

Je garde beaucoup de choses sur la vie de Mère Thérèse, mais je veux dire tout simplement que mon contact avec elle ravive en moi le désir de vivre davantage la simplicité de notre fondatrice et de son amour de prière. Que cela m’aide à aimer chacune de mes sœurs quelques soient leur limite, à aimer également toutes personnes, spécialement celles que je rencontre dans la mission que la Congrégation me confie.

Un mois avec la communauté de Toulouse

Marie Claudine

J’ai..

À chaque prière communautaire, celles qui ne peuvent pas être présentes à cause de leur engagement apostolique ou autres raisons ne sont pas oubliées. J’ai senti une vraie communion de cœur dans notre prière. J’ai également goûté les temps de prière avec les jeunes « Céna club », ainsi que la prière partagée chaque mercredi.

Ilna

J’ai découvert le Cénacle en janvier 2023 sur invitation de Noémie.

En effet, ce fut une période où j’étais très dépressive et je n’avais goût ni à la fête ni à rien. Ainsi, sur insistance de mon cher époux on s’y était rendu.  Dieu est simplement merveilleux.  Il m’a redonné la force, l’espoir et le goût à la vie fraternelle suite à l’accompagnement de la sœur Lydia.

 

A l’occasion, mon époux et moi avions découvert la fraternité et nous l’avons intégrée avec joie. Cette joie ne cesse de grandir avec les rencontres et surtout avec l’engagement.

Merci à Dieu tout puissant.

Qu’il comble la vie des sœurs du Cénacle.

Michèle

J’ai rencontré les sœurs Laurence et Simone à Zinvié (Bénin) chez les sœurs Clarisse, auprès de qui j’étais venue faire une retraite de 3 jours en février 2019.

Le dimanche au cours de la messe, le prêtre les avait publiquement remerciées pour le travail d’accompagnement qu’elles ont accompli auprès des novices de la communauté. À la sortie, je me dépêche de les rattraper pour en savoir plus sur l’accompagnement et j’ai ainsi reçu les prospectus du Cénacle de Vogan.

Quelques mois plus tard j’ai programmé ma 1ere retraite au Cénacle et j’ai aimé l’accompagnement. Chaque année, je viens au Cénacle pour diverses retraites et j’en sors toujours plus vivifiée à vivre la spiritualité ignatienne.

J’ai découvert le programme de formation FAS (Formation à l’accompagnement spirituel) et m’y suis inscrite, tout en suivant le programme d’Initiation Théologique et Pastorale de Cotonou. J’y ai rencontré Narcisse qui y était déjà un an plus tôt. Lors d’une retraite de 8 jours à Vogan, je croise encore Narcisse et l’idée de faire quelque chose à Cotonou commence à faire son chemin en moi. J’ai appelé Narcisse et lui fit part de mon idée. Il m’informe alors que l’idée est déjà en cours de réalisation avec des amis qui avaient déjà fait le cheminement et qui souhaitent une continuité des fruits de ce cheminement. C’est ainsi que commence une série de rencontres, souvent à Vogan ou à l’EITP et après auprès des membres de la Fraternité naissante. J’ai été émerveillée de découvrir des personnes qui partageaient les mêmes valeurs de partage et j’ai décidé de m’engager encore plus pour vivre les valeurs du Cénacle. Cet engagement a été concrétisé à la Pentecôte 2024. Merci Seigneur pour tes merveilles.

Acte d'offrande

Seigneur Jésus, je m’unis à votre sacrifice, perpétuel, incessant, universel. Je m’offre à vous pour tous les jours de ma vie et pour chaque instant du jour, selon votre très sainte et très adorable volonté.

Vous avez été la victime de mon salut, je veux être la victime de votre amour.

Agréez mon désir, acceptez mon offrande, exaucez ma prière : que je vive d’amour, que je meure d’amour et que le dernier soupir de mon cœur soit un acte du plus parfait amour.

Ainsi soit-il

Bonté

J’ai eu il y a quelques jours une vue qui m’a bien consolée.

C’était pendant mon action de grâce que je fis quelques réflexions sur la bonté de Dieu, et comment ne pas y penser dans ces moments-là, à cette bonté infinie, bonté incréée, source de toutes les bontés ! et sans laquelle il n’y aurait aucune bonté ni dans les hommes, ni dans les autres créatures… J’étais extrêmement touchée de ces réflexions, lorsque je vis écrit comme en lettres d’or ce mot Bonté que je répétais depuis longtemps avec une indicible douceur. Je le vis, dis-je, écrit sur toutes les créatures animées et inanimées, raisonnables ou non, toutes portaient ce nom de bonté, je le voyais même sur la chaise qui me servait de prie-Dieu. Je compris alors que tout ce que ces créatures ont de bon et tous les services et les secours que nous recevons de chacune d’elles est un bienfait que nous devons à la bonté de notre Dieu, qui leur a communiqué quelque chose de sa bonté infinie, afin que nous la rencontrions en tout et partout.

Mais tout ce que je vous dis là n’est rien ; si je pouvais vous dire quelque chose de ce que j’ai éprouvé dans ce moment-là, à la bonne heure, mais impossible de le rendre, ce qui est Divin ne se rend pas. Seulement, je ne m’étonne plus que les saints fussent ravis à la vue de cette bonté que tant d’âmes connaissent si peu ; cette impression m’a duré plusieurs jours pendant lesquels je ne pouvais prendre de goût à rien qu’à ce que j’avais vu et éprouvé.

 

Lettre de Mère Thérèse Couderc à Mère de Larochenégly, Supérieure générale, 10 août 1866 (extrait)

Se livrer

Dimanche 26 juin [1864]
« Déjà plusieurs fois Notre-Seigneur m’avait fait connaître combien il était utile pour l’avancement d’une âme qui désire sa perfection de se livrer sans réserve à la conduite de l’Esprit Saint. Mais ce matin il a plu à sa divine Bonté de m’en donner encore une vue toute particulière. Je me disposais à commencer ma méditation lorsque j’ai entendu le son de différentes cloches qui appelaient les fidèles à l’assistance aux divins Mystères. Dans ce moment, j’ai désiré m’unir à toutes les messes qui se disaient et ai pour cela dirigé mon intention afin d’y participer. Alors, j’ai vu d’une vue générale, tout l’univers catholique et une multitude d’autels où s’immolait en même temps l’adorable Victime. Le sang de l’Agneau sans tache coulait en abondance sur chacun de ces autels qui m’apparaissaient environnés d’une fumée fort légère qui s’élevait vers le ciel. Mon âme était saisie et pénétrée d’un sentiment d’amour et de reconnaissance à la vue de cette satisfaction si abondante que Notre-Seigneur offrait pour nous. Mais j’étais aussi dans un grand étonnement de ce que le monde entier n’en était pas sanctifié. Je demandai comment il se faisait que le sacrifice de la Croix n’ayant été offert qu’une seule fois ait été suffisant pour racheter toutes les âmes, et que, renouvelé tant de fois, il ne suffit pas à les sanctifier toutes. Voici la réponse que j’ai cru entendre : Le sacrifice est sans doute suffisant par lui-même, et le sang de Jésus-Christ plus que suffisant pour la sanctification d’un million de mondes, mais les âmes manquent de correspondance et de générosité. Or, le grand moyen d’entrer dans la voie de la perfection et de la sainteté, c’est de se livrer à notre bon Dieu.

Mais qu’est-ce que “se livrer” ? Je comprends toute l’étendue du sens de ce mot : se livrer, mais je ne puis l’expliquer.
Je sais seulement qu’il est très étendu, qu’il embrasse le présent et l’avenir.

Se livrer, c’est plus que se dévouer, c’est plus que se donner, c’est même quelque chose de plus que s’abandonner à Dieu.
Se livrer enfin, c’est mourir à tout et à soi-même, ne plus s’occuper du moi que pour le tenir toujours tourné vers Dieu.
Se livrer, c’est encore ne plus se chercher en rien, ni pour le spirituel, ni pour le temporel, c’est-à-dire ne plus chercher de satisfaction propre mais uniquement le bon plaisir divin.

Il faut ajouter que se livrer, c’est aussi cet esprit de détachement qui ne tient à rien, ni pour les personnes, ni pour les choses, ni pour le temps, ni pour les lieux. C’est adhérer à tout, accepter tout, se soumettre à tout.
Mais on va croire peut-être que cela est bien difficile à faire. Qu’on se détrompe, il n’y a rien de si facile à faire et rien de si doux à pratiquer. Le tout consiste à faire une seule fois un acte généreux, en disant avec toute la sincérité de son âme : “Mon Dieu, je veux être tout à vous, daignez accepter mon offrande.” Et tout est dit. Avoir soin désormais de se tenir dans cette disposition d’âme et ne reculer devant aucun des petits sacrifices qui peuvent servir à notre avancement dans la vertu. Se rappeler que l’on s’est livré.

Je prie Notre-Seigneur de donner l’intelligence de ce mot à toutes les âmes désireuses de lui plaire, et de leur inspirer un moyen de sanctification si facile. Oh ! si l’on pouvait comprendre à l’avance quelles sont les douceurs et la paix que l’on goûte quand on ne met pas de réserve avec le Bon Dieu ! Comme il se communique à l’âme qui le cherche sincèrement et qui a su se livrer. Que l’on en fasse l’expérience et l’on verra que c’est là où se trouve le vrai bonheur que l’on cherche en vain sans cela.

L’âme livrée a trouvé le paradis sur la terre, puisqu’elle y jouit de cette douce paix qui fait en partie le bonheur des élus. »